« Le mariage, c’est résoudre à deux les problèmes qu’on n’aurait pas eus tout seul. » Les mots de Sacha Guitry dépassent de très loin les seules relations de couple et peuvent facilement s’appliquer à toute forme de coopération, avec l’idée que ces problèmes se factorisent plus qu’ils ne s’ajoutent à l’introduction de chaque nouveau partenaire. Et chaque nouvelle coopération amène son lot de surprises, de non-dits culturels ou géopolitiques, sur lesquels il est si facile d’achopper. La première erreur, à l’origine de bien des querelles de couples, est de croire que l’autre réfléchit comme soi. Avec des références et un vécu différent, ce serait un miracle si tel était le cas.
Ainsi, l’affaire des sous-marins Attack de NavalGroup nous rappelle que la vision anglo-saxonne des affaires n’est pas la nôtre. Dans un univers régi exclusivement par des contrats et soumis à un droit basé sur la jurisprudence et la procédure, la notion de confiance ou de loyauté n’existe pas. Quelques clauses habilement rédigées permettent de prévoir un changement d’allégeance sans coup férir. Il serait illusoire de penser qu’à Washington, Canberra ou Londres on puisse en ressentir le moindre remords.
Face à ce déni de la parole donnée, les Français pourront toujours trouver du réconfort dans la réponse de Surcouf au capitaine anglais qui lui reprochait de se battre pour l’argent alors que lui-même le faisait pour l’honneur : « chacun se bat pour ce qui lui fait défaut. »
C’est aussi un rappel qu’aucune alliance ni aucune coopération n’est éternelle, comme nous l’ont montré récemment nos voisins allemands en torpillant sans sourciller le programme de patrouilleurs maritimes MAWS. Quelles surprises nous attendent sur les programmes qui subsistent après les prochaines élections fédérales ?