Nous remercions nos lecteurs de ne pas s’être offusqués de cet innocent poisson d’avril, qui respecte une vieille tradition de la presse aéronautique et spatiale française.
« Comment ai-je pu croire que l’on pourrait enfermer des gens pendant sept mois pour aller sur Mars ? » Elon Musk, confiné dans sa villa de Bel Air, sur les hauteurs de Los Angeles, est pourtant un habitué de l’isolement, puisqu’il a acheté les propriétés entourant la sienne pour ne pas être ennuyé par ses voisins. Mais il ne supporte pas les restrictions de mouvements imposées par les nouvelles réglementations sanitaires décrétées par les autorités californiennes.
Bien qu’hyperconnecté, le patron de SpaceX fait habituellement la navette entre son usine d’Hawthorne, dans la banlieue de Los Angeles, le site de Boca Chica au Texas où il supervise la construction et les essais de son quatrième démonstrateur de Starship, Redmond dans la banlieue de Seattle où il produit un satellite Starlink toutes les quatre heures, Cape Canaveral en Floride pour les lancements, ainsi que les divers sites de Tesla pour y motiver ses troupes, et Washington pour y motiver ses soutiens.
Cet homme pressé en est désormais réduit à piaffer en visioconférence au bord de sa piscine. Cela l’a amené à réfléchir aux conditions qui seront imposées à ses colons martiens, et en particulier à lui-même, qui comptait bien faire le voyage en personne.
Or après dix jours de confinement, l’idée d’un voyage vingt fois plus long, dans des conditions bien plus restrictives, avec l’impossibilité de communiquer directement avec la Terre, lui apparait désormais insoutenable : « J’avais calculé qu’on pourrait attribuer 10 m3 par personne à bord d’un Starship, ce n’est même pas la taille de mes toilettes ! Ils seront serrés comme des sardines ! » Et cet espace sera même encore plus réduit car deux nouveaux éléments ont dû être ajoutés dans la cabine pressurisée : une soute à antidépresseurs et des réservoirs de vitamine D.
Dans un bocal sur Mars
Car, à moins d’un crash qui ne figure pas dans le scénario nominal, le confinement ne s’achèvera pas à l’arrivée sur Mars. Au cours de leur séjour sur la planète, les colons ne bénéficieront que d’une cinquantaine d’heures de sorties extravéhiculaires – qui s’apparentent à un confinement mobile – avant d’avoir à envoyer leur scaphandre au recyclage. Le reste du temps sera passé à bord du vaisseau ou des modules préalablement déposés à la surface.
La luminosité extérieure correspondant à 43 % de celle de la Terre, les équipes d’Elon Musk avaient envisagé de doter les cabines des colons d’une installation de luminothérapie et d’un aquarium exotique pour limiter les risques de dépression. Dans les dernières itérations, l’aquarium a été remplacé par une version virtuelle sur écran, car les ingénieurs se heurtaient à la complexité du système de purification d’eau en apesanteur et à la gestion d’un élevage de daphnies à bord pour nourrir les poissons. De plus, le taux de mortalité de ceux-ci représentait un véritable danger de congestion pour les toilettes de bord.
Le problème de confinement au voyage aller et lors du séjour sur place se poursuivra au voyage retour, soit un total de dix-huit mois environ. « Pas question de laisser des colons sur place », admet Colin Fisher, vice-président en charge des questions éthiques. « Ceux qui veulent ‘mourir sur Mars’ n’ont pas idée combien ce sera rapide et déplaisant, sans compter que ce sera démoralisant pour les expéditions suivantes et démotivant pour les investisseurs. »
L’abandon des projets de colonisation martienne pose désormais la question de la justification du programme Starship, dans lequel SpaceX a déjà largement investi. Homme de ressource, Elon Musk a déjà la solution. Il compte commander 80 000 satellites Starlink de plus, que les Starship serviront à lancer. En doublant la production, cela permettra de faire tourner l’usine de Redmond pendant trente ans et donnera du travail à la région de Seattle durement touchée par la crise du coronavirus.
« La crise actuelle nous a montré l’importance des contacts avec notre environnement de travail, et aussi avec nos proches », rappelle Elon Musk. « La connectivité à haut débit peut nous apporter ce contact en virtuel en respectant toutes les garanties sanitaires. »
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Surement une blague, on connait très bien les effets d’un confinement de plusieurs mois dans l’ISS qui sont bien plus importants.
Les poissons, en effet, vivent souvent en confinement en aquarium !