En moins d’un mois, deux attaques, d’une grande brutalité, ont été déclenchées contre deux États ayant en commun un passé marqué par les deux pires génocides du XXe siècle, l’Arménie et Israël. Le 19 septembre, l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan sur l’enclave du Haut-Karabagh n’a duré qu’une journée mais elle a été décisive. Les trois quarts de la population ont fui vers l’Arménie voisine, dont Bakou conteste ouvertement les frontières, afin de créer un corridor vers sa propre enclave, le Nakhitchevan. Le 7 octobre, le Hamas gazaoui a lancé une attaque terroriste de grande ampleur sur le territoire israélien et y a causé plus de morts que l’État hébreu n’avait eu à en déplorer depuis vingt ans, avant de se replier en emportant des otages civils.
Sur l’échiquier géopolitique, les deux conflits opposent les mêmes acteurs : Israël comme fournisseur de drones et bientôt de satellites à l’Azerbaïdjan, et l’Iran, soutien du Hamas et ennemi des Azéris pour des raisons de politique interne.
Dans le Caucase, la maîtrise du ciel était du côté de l’assaillant, dont les drones ont pilonné la ville de Stepanakert et mis à genou les défenseurs arméniens. En Israël, dont l’espace aérien est l’un des mieux surveillés au monde, les plus de 5 000 roquettes Qassam du Hamas ont réussi à saturer localement le système antiaérien Iron Dome tandis que les paramoteurs, difficilement détectables, ont pu s’infiltrer en profondeur.
Une première leçon à tirer de ces conflits est évidemment la nécessité de concevoir des contre-mesures adaptées à une menace – roquettes, drones, ULM – qui se caractérise par son faible coût, sa technologie limitée et ses performances réduites (« low cost, low tech, low perf »), ce qui favorise une production et une consommation en grand nombre pour saturer de coûteux systèmes de défense. Un second constat est que la défaillance des grandes puissances, de leur renseignement et de leur poids géopolitique favorise la reprise des conflits locaux.