Le Système de combat aérien futur (SCAF) franco-germano-espagnol refuse obstinément de sortir de l’ornière. Peu importe que les gouvernements de Paris, Berlin et Madrid se soient mis d’accord sur les modalités de coopération pour le développement de ce « système de systèmes », le torchon brûle depuis un an entre les industriels autour de la clé de voûte de l’ensemble, le futur avion de combat NGF (Next Generation Fighter), dont la responsabilité a été confiée à la France et la maîtrise d’œuvre à Dassault Aviation, sur le principe du « meilleur athlète ».
Depuis un an, Airbus, partenaire principal du programme, refuse de signer le contrat négocié avec le concepteur du Rafale. Le 13 juin, Michael Schoellhorn, le P-DG d’Airbus Defence & Space, a livré le fond de sa pensée. Dans une interview accordée au quotidien Les Échos, il reproche à Dassault Aviation de « s’autodéclarer meilleur athlète » sur les derniers éléments du programme sur lesquels il souhaite garder la main : les commandes de vol et la furtivité.
L’avionneur français refuse de s’engager dans un programme au sein duquel tous les partenaires seraient co-responsables – ce qui signifie qu’à terme nul ne le serait vraiment – et dont il ne pourrait ainsi garantir ni les prix ni les performances, deux critères stratégiques quand il s’agit de défense. Avec les succès du Rafale et du Neuron, il a des arguments. La succession de générations de Mystère et de Mirage rappelle que l’obsession de qualité ne date pas d’hier. Il semble difficile de leur opposer l’Eurofighter.
Devra-t-on demander aux industriels de se livrer à des olympiades pour déterminer les meilleurs athlètes ? Ils se mesureraient en compétition – à l’ancienne – plutôt que coopérer à contre-cœur. Le surcoût à payer en démonstrateurs serait-il supérieur à celui entraîné par les retards actuels ? Évidemment, il faudrait que cette ordalie technologique soit impartiale, et quel politique accepterait la défaite de son champion national ?
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