Les plus grandes entreprises du secteur ne semblent pas connaître la crise. L’annonce d’Airbus de vouloir embaucher encore 13 000 personnes cette année, après 13 000 l’an dernier, domine cette impression de bonne santé.
La difficulté consiste à recruter sans assécher complètement le bassin d’emploi pour les fournisseurs, un défi que tente de relever la filière.
Au-delà du géant européen de l’aéronautique, la question est la même dans le secteur spatial, qui a particulièrement le vent en poupe.
Le spatial aussi
L’entreprise franco-italienne Thales Alenia Space, qui a répondu à notre enquête, compte embaucher plus de 200 personnes dans les mois à venir. Ce sont principalement des cadres qui sont recherchés, explique ce grand nom du spatial européen, avec une spécialité pour les ingénieurs logiciels et système, électroniques et matériel.
« Thales Alenia Space est une entreprise attractive qui n’a jamais rencontré de difficultés particulières de recrutement », explique le groupe. Néanmoins, « le marché est tendu, particulièrement pour les métiers d’ingénieurs logiciels et électronique ».
La politique la plus efficace actuellement consiste à transformer les contrats d’alternance en CDI. Le constructeur de satellites veut également renforcer le « sourcing », c’est-à-dire l’identification sur Internet de profils intéressants, en utilisant les moyens modernes tels que les réseaux professionnels, à l’image de LinkedIn.
La situation est proche chez Safran, où des milliers de postes sont ouverts sur les sites de recrutement. Le besoin se fait particulièrement sentir dans les métiers de la transformation numérique. Or ces spécialités, qui doivent permettre également une numérisation de la filière, manquent aussi aux entreprises de taille intermédiaire.
Job dating au café
Pour Collins à Toulouse, succursale du groupe qui comprend l’ancien Rockwell Collins, B/E Systems, UTC, Ratier Figeac, le besoin est de 35 CDI et 130 ETP (équivalent temps plein) pour les deux prochaines années, sur les sites de Figeac, Colomiers et Blagnac. L’an passé, 64 CDI et 132 ETP ont été créés. Pour recruter, ce géant a eu recours notamment au job dating, organisé dans un café toulousain, avec d’autres entreprises. La demande est « intense », selon les mots des recruteurs.
Chez Nexeya, qui appartient au groupe allemand Hensoldt, on cherche à recruter au moins une dizaine de personnes dans les mois à venir. L’effectif est déjà de 650 personnes, répartis en France sur plusieurs sites, Epreville, Massy, Toulouse et La Couronne en Charente. Les profils sont variés dans ce groupe qui intervient beaucoup dans la défense, avec des offres d’emploi dans les achats, pour des ingénieurs méthodes, le support informatique.
Or le manque de personnel « débauché par des grands groupes » a des conséquences sur le chiffre d’affaires, avec un recours accru à l’intérim. Le secteur militaire peut aussi être considéré comme un handicap pour attirer des jeunes.
La crise du Covid, en désorganisant le travail et en amenant certains salariés à changer de carrière, a fragilisé la chaîne de sous-traitance. Si les grands groupes ont les moyens d’être attractifs, ils doivent aider les plus petits pour maintenir leur compétitivité.
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