À l’heure où nous bouclons ce numéro, les États-Unis ont des allures de république bananière. Les deux candidats à la Maison Blanche revendiquent l’avoir emporté, ou du moins ne concèdent pas la défaite. Si, comme cela semble se confirmer d’heures en heures, Joe Biden est élu, Donald Trump jouera sur tous les recours en justice possibles pour lui dénier cette victoire. Pendant ce temps, le reste du monde regarde.
Si le vice-président de Barack Obama est investi en janvier, beaucoup de partenaires internationaux se prennent à rêver d’une retour au « monde d’avant », celui d’une diplomatie apaisée et d’une Amérique réouverte sur le monde. L’Allemagne et les autres pays membres de l’Otan sont prêts à se remettre en rang derrière leur maître et à siffler la fin des velléités de souveraineté européenne poussées par les trublions français. Les programmes de défense européens pourraient en pâtir.
Les négociations avec Téhéran devraient reprendre. Les chances sont faibles de réinstaurer un accord dans lequel Washington insistera sur un volet balistique auquel l’Iran ne voudra pas souscrire. Cela permettra toujours de vendre des Patriot et des F-35 dans le Golfe.
À Pyongyang, Kim Jong-un regrettera de ne plus pouvoir jouer sur l’ego du nouveau locataire pour avancer son propre agenda à son insu. Le voisin chinois, lui, ne s’attend à aucune embellie dans la guerre économique et continuera de lorgner sur Taïwan et la mer de Chine méridionale, qui demeureront des poudrières.
Dans l’espace, enfin, ne comptons pas sur un abandon de la doctrine de « Space Dominance », antérieure à l’ère Trump. Le programme lunaire, soutenu par le Capitole, devrait se poursuivre. La date du retour sur la Lune pourrait glisser, car elle ne sera plus liée au calendrier électoral américain de 2024, mais aux seules avancées des Chinois.