Il y avait quelque chose de fascinant, ce 11 février, à regarder un Elon Musk balbutiant, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, expliquant son rôle au service de la démocratie américaine. Lui, non-élu au sein d’un gouvernement où il a payé sa place pour 250 M$, allait libérer l’action de l’exécutif désigné par le peuple du joug d’une bureaucratie illégitime car non élue. L’ironie du discours semblait glisser sur lui comme sur du téflon.
« Au moins, il fait bouger ce qui ne voulait pas bouger », m’a dit un industriel. Cela me rappelle ces ingénieurs qui me disaient « au moins, il tente des trucs », lorsqu’il a commencé à populariser sa méthode itérative qui avance à tâtons et aboutit à pulvériser un Starship sur les îles Turques-et-Caïques. Sa désinvolture devant la retombée des débris sur l’archipel trahit sa totale absence d’intérêt pour le sort des autres. On invoque volontiers son autisme alors que cela pourrait aussi bien relever de la sociopathie. L’absence d’empathie pour les millions de personnes qu’il a privé d’aide humanitaire en démantelant USAID est une indication.
Il faut se méfier de ce que l’on souhaite car on risque d’avoir à en assumer les conséquences. Claude Allègre voulait autrefois « dégraisser le mammouth ». Pour perdre du poids, on peut passer par le régime, l’exercice ou la liposuccion, mais sur le seul critère du poids, l’amputation donne aussi des résultats rapides… et durables en plus !
Mais ce nihilisme social est peut-être l’arbre qui cache la forêt. En accédant au système informatique du Trésor américain, Elon Musk a eu accès sans supervision à toutes les données fiscales de ses concurrents ou de leurs filiales américaines, de leurs dirigeants, de leurs employés et des proches de ceux-ci. Il a juré que ce n’est pas ce qu’il cherchait, mais on imagine très bien ce qu’il pourrait en faire.
