L’un a fait fortune en vendant des disques, l’autre des livres et le troisième un logiciel. Devenus milliardaires, ils ont pu se consacrer à leur passion pour l’espace. Abondamment relayé et envenimé par les réseaux sociaux, l’affrontement entre Elon Musk et Jeff Bezos, les deux hommes les plus riches du monde, rappelle celui de Thomas Edison et de George Westinghouse, un bon siècle plus tôt, pour la conquête du marché de l’électricité. Comme son illustre prédécesseur, le patron de SpaceX est devenu une icône américaine capitalisant sur l’industrialisation de concepts qu’il s’est appropriés jusqu’à se confondre avec eux. Le fait qu’il ait été le premier investisseur d’une société nommée en l’honneur de Nicolas Tesla n’en est que plus ironique.
Alors qu’Elon Musk se rêve en Moïse interplanétaire, passant à la postérité pour avoir ouvert le système solaire à la colonisation, le pragmatique Jeff Bezos veut industrialiser l’orbite basse pour dépolluer la Terre et n’hésite pas à investir ses propres deniers pour y parvenir, à son propre rythme. Le patron de SpaceX, lui, doit maintenir le buzz en permanence, afin d’entretenir le rêve qui lui permet de continuer à lever des sommes colossales avec une régularité qui force le respect.
Face à ces deux géants modernes, on se prend à rêver de ce qu’aurait été le vingtième siècle si Howard Hughes avait eu un rival à sa mesure pour l’aiguillonner.
Pas question pour Richard Branson, pionnier flamboyant, de se laisser voler la vedette, quitte à risquer sa vie à bord d’un avion-fusée pour rester en tête d’une course vers nulle part.
Au-delà de la vision sarcastique de ces péripéties d’ego, on appréciera l’inspiration insufflée chez les plus jeunes, qui pourra les attirer vers des filières scientifiques et techniques, par lesquelles ils découvriront les vrais enjeux du spatial.
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