Copernicus, acte trois

Sentinel 3A reprendra l’orbite d’Envisat. Crédit : ESA, ATG Medialab
Le premier satellite du programme européen pleinement dédié au climat doit être lancé en décembre.

Les deux premiers satellites du système Copernicus, Sentinel 1A et 2A, étaient bâtis autour d’un instrument principal pour des missions d’imagerie, radar puis optique. Avec Sentinel 3A, qui a récemment quitté le site de Thales Alenia Space à Cannes pour rejoindre le cosmodrome russe de Plessetsk, l’attention se porte davantage sur des mesures océanographiques, environnementales et climatiques. Ce satellite de 1 140 kg doit décoller le 23 décembre au sommet d’un lanceur Rokot pour rejoindre la même orbite héliosynchrone à 815 km d’altitude que celle naguère utilisée par le satellite Envisat. Sa charge utile comprend trois instruments principaux : l’imageur hyperspectral OLCI (Ocean & Land Colour Instrument) capable d’observer sur 27 bandes, le radiomètre SLSTR (Sea & Land Surface Temperature Radiometer) et l’altimètre radar bi-bande SRAL (Synthetic Aperture Radar Altimeter). Ce dernier, qui fonctionne en bandes C et Ku, est accompagné d’un radiomètre micro-ondes pour déterminer les perturbations du signal radar causées par la ionosphère, et d’un trio de capteurs d’orbitographie de précision : un récepteur GPS, un réflecteur laser et une balise Doris.

Eumetsat aux commandes

Responsable de l’observation de l’atmosphère, des océans et du climat dans le cadre du programme Copernicus depuis novembre 2014, Eumetsat exploitera la mission Sentinel 3A pour collecter des mesures sur la topographie de la surface des océans (en coordination avec les satellites Jason), la température à la surface (avec Meteosat et Metop) et la couleur de la surface. Le recours à l’orbite d’Envisat permettra de réaliser un maillage plus serré de la planète que celui des Jason (104 km maximum entre deux traces à l’équateur, 57 km avec deux satellites) mais plus lent (27 jours pour repasser dans la même trace).

Diffusion libre des données

Six mois après le lancement, une fois le satellite et ses instruments réceptionnés et étalonnés, l’ESA transfèrera son contrôle à Eumetsat qui le gèrera pour le compte de la Commission européenne. Les données et les produits dérivés seront pleinement disponibles six à neuf mois plus tard. Elles seront notamment mises à disposition sur Internet et via le service EumetCast accessible sur le satellite Eutelsat 9B, qui dessert 4200 stations sur l’Europe, l’Afrique du nord et le Moyen-Orient. Grâce à l’imageur OLCI, Sentinel 3A pourra étudier les concentrations d’algues en mer et le long des côtes, la chimie des matières en suspension ou la photosynthèse liée à l’efflorescence du phytoplancton, ainsi que la concentration en vapeur d’eau et en aérosols de l’atmosphère. Outre le niveau de la mer et la hauteur des vagues, l’altimètre SRAL sera capable de déterminer la vitesse du vent et l’épaisseur des banquises.

Par sa conception, la charge utile de Sentinel 3A assurera aussi d’autres applications, comme la continuité des mesures du service Végétation pour la Commission européenne ou la surveillance des incendies.

Une équipe européenne

Quelque 120 industriels répartis à travers le continent ont participé à la réalisation de Sentinel 3A et de son jumeau Sentinel 3B. Thales Alenia Space Italie a assuré la maîtrise d’œuvre de la plateforme tandis que Thales Alenia Space France s’est chargé de l’imageur OLCI et de l’altimètre SRAL. Le radiomètre SLSTR était sous la responsabilité de Selex ES en Italie, et Airbus Casa Espacio en Espagne a réalisé la radiomètre micro-ondes.

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