À l’heure où nous bouclons ce numéro, le gouvernement de Michel Barnier, qui vient d’essuyer sa première motion de censure, présente à l’Assemblée nationale sa proposition de budget. Celle-ci prévoit un effort sans précédent de 60 Md€ afin de ramener le déficit à 5 % pour rassurer la Commission européenne mais aussi les investisseurs… sans se mettre à dos les rares soutiens parlementaires dont il dispose. Le Premier ministre s’est fixé deux ambitions : « Tenter de réduire les dettes budgétaire et écologique », avec « des solutions concrètes pour améliorer la vie des Français ».
Sur ces 60 Md€, un tiers proviendra de hausses d’impôts. Pour ne pas trop prêter le flanc à la critique, il visera en priorité des catégories que la population, dans sa majorité, déteste : les entreprises à fort bénéfice, les hauts revenus… et le secteur aérien.
Si, au titre de la solidarité, faire payer ceux qui en ont les moyens semble défendable, l’attaque sur l’aviation ne se base que sur une idée reçue. Il y a si longtemps que l’aérien est pointé du doigt, qu’il incarne le pollueur inconséquent dans l’imaginaire collectif. Peu importe qu’il s’agisse du secteur qui a le plus réussi à réduire ses émissions depuis plus de trente ans et qui se donne les moyens d’atteindre ses très ambitieux objectifs de décarbonation, il est marqué du sceau de l’infamie.
Or ce secteur est le moteur d’une industrie dans laquelle la France et ses partenaires européens sont en pointe, si bien que les avancées écologiques décidées ici s’appliqueront au monde entier. Le fragiliser davantage, alors qu’il peine encore à se remettre du Covid, va surtout réduire son apport à l’économie et ouvrir un boulevard à des concurrents bien moins soucieux d’écologie.
Bref, au nom du court-terme, le résultat à long-terme sera à l’opposé de l’objectif initial.
Nous avons des industriels de l’aéronautique de haut niveau. Ce n’est pas comme emballer le Doliprane. Il s’agit de haute technologie, pratiquement le seul fleuron industriel qu’il reste en France avec l’aérospatiale. Et le Mozart de la finance et de la politique, avec ces 80% d’intentions défavorables, sabre à coup de taxes dans cette filière très compétitive. Pour qui travaille-t’il exactement le gugusse ?
Un plan de relance européen et français digne de ce nom devrait être engagé rapidement pour renforcer la filière industrielle aéronautique et aérospatiale. Les USA et la Chine le font a une bien plus grande échelle que nous.