Décapitations

Edito
S. Barensky. Crédit : C. Deligey - Aerospatium.

Alors que nous bouclions ce numéro, le gouvernement français est tombé, censuré par les radicaux des deux ailes ennemies de l’assemblée. Alliées de circonstance, elles ont choisi le pire moment pour exprimer leur rejet de toute forme de compromis : le vote du budget. Paris rejoint donc Berlin parmi les grands acteurs européens où l’on va se contenter d’expédier les affaires courantes, au moment où l’on aurait besoin de capacités de décision et de fermeté face à l’offensive militaire russe en cours et aux offensives économiques américaines à venir, sans oublier ce que la Chine pourrait elle aussi être en train de nous concocter.

Alors qu’aux États-Unis les urnes ont accouché d’un président qui distribue les ministères aux milliardaires et vedettes de la télévision tandis que son homologue sud-coréen a tenté de décréter la loi martiale contre son opposition, on en vient à se demander de quelle folie souffrent nos démocraties ?

Cette question fait hélas le lit des autocrates de ce monde, Poutine, Xi Jinping, Kim ou Erdogan, trop heureux de dénoncer le danger de laisser un choix trop peu restreint au peuple. Cette idée fait même son chemin en Europe. Hongrie, Slovaquie et peut-être bientôt Roumanie. On doutera que l’entrée en fonction d’une seconde commission Von der Leyen remette en cause le nanisme politique européen et fasse renaître l’espoir chez les citoyens.

Comme si ce monde n’était pas assez instable et dangereux, comme s’il n’affrontait pas des crises assez graves. Les décisions économiques, industrielles, écologiques qui s’imposent seront reportées et chacun en attribuera la faute aux autres. Seule bonne nouvelle, selon les Belges l’économie se porte mieux sans gouvernement car l’inaction serait mère de stabilité. La sclérose aussi.

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