Pour la première fois depuis Rosetta 2004, et pour la toute première fois en version Ariane 5ECA, un lanceur Ariane a été utilisé pour expédier une sonde vers l’espace interplanétaire. Récemment, l’ESA avait plutôt fait appel pour ce type de missions au lanceur Soyouz avec Mars Express en 2003 et Venus Express en 2005, ou au Proton pour ExoMars en 2016. Si l’événement reste exceptionnel, la mission l’est aussi. BepiColombo, avec ses 4 081 kg, est la charge scientifique la plus grosse à avoir été expédiée vers le système solaire interne depuis les sondes soviétiques Venera de quatrième génération (1978-1983) et Vega (1985), qui avoisinaient 4,3 à 5,3 t et n’ont pas dépassé Vénus.
Dans la nuit du 19 au 20 octobre, BepiColombo a entamé un périple de sept ans et deux mois, avec une succession de manœuvres d’assistance gravitationnelle pour rejoindre la plus petite des planètes rocheuses gravitant autour du Soleil. En chemin elle doit ainsi survoler une fois la Terre, deux fois Vénus et six fois Mercure avant de se laisser capturer par le champ gravitationnel de celle-ci en décembre 2025. Tout au long de ce transfert interplanétaire, la sonde sera propulsée par quatre moteurs ioniques T6 d’une poussée maximale de 290 mN de poussée chacun. Ils ne seront utilisés que deux par deux pour des raisons de redondance. Il s’agit de la plus grosse sonde à propulsion électrique jamais lancée et sa réserve de 580 kg de xénon représente plus de la moitié de la production annuelle mondiale de ce gaz rare.
Ces moteurs seront allumés une première fois en décembre.
BepiColombo n’est que de la troisième mission vers Mercure après les sondes américaines Mariner 10 (474 kg) qui a survolé trois fois la planète de mars 1974 à mars 1975 et Messenger (1 093 kg) qui a gravité autour d’elle de mars 2011 à mars 2015. Ces missions sont rares car coûteuses en énergie. En effet, la mécanique céleste en requiert à peu près autant pour atteindre la planète la plus proche du Soleil que pour survoler Saturne.
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