Il aura fallu attendre huit ans pour revoir voler un Français dans l’espace. Thomas Pesquet est devenu depuis quelques semaines la coqueluche des médias, mais la passion tiendra-t-elle tout au long des six mois de son séjour dans la Station spatiale internationale ?
Qui se souvient de son prédécesseur ? En 2008, Léopold Eyharts avait été celui qui avait amarré et mis en service le laboratoire Columbus. Sa mission ayant été raccourcie de quatre mois à six semaines, il n’avait pas chômé, mais n’avait guère eu le temps de se mettre en scène. Il était habitué à la discrétion : en 1998, sa mission de vingt jours à bord de Mir avait été quasiment passée sous silence en raison de l’opposition farouche aux vols habités de Claude Allègre, alors ministre de tutelle du Cnes. C’est sous son mandat que ceux-ci, et surtout leur composante gaullienne de l’accès autonome à l’espace, ont disparu des priorités françaises. L’Allemagne et l’Italie ont préservé la flamme au niveau européen. Mais, avec une approche plus atlantiste, ils ont privilégié le strapontin sur les vols américains à la capsule européenne.
Le sourire de Thomas Pesquet pourra-t-il changer la donne en France comme naguère celui de Tim Peake avait été le moteur du retour britannique dans le domaine ? Sans locomotive française pour tirer le projet, il y a fort à parier que l’Europe restera longtemps une puissance spatiale inachevée, dépassée dans la course à la présence humaine sur orbite par la Russie, les États-Unis, la Chine et bientôt l’Inde, voire l’Iran, et des investisseurs privés américains.