Au siècle dernier, chaque rédaction généraliste, que ce soit en presse écrite, radio ou télé, disposait d’au moins un journaliste scientifique et technique, capable de traiter avec pertinence des sujets aéronautiques et spatiaux. Ils comprenaient les enjeux et pouvaient les vulgariser à direction du grand public. Ces temps ont disparu avec la multiplication des canaux d’information. L’impératif de compétitivité a fait disparaître ces coûteux spécialistes et leur compétence issue d’années de veille.
Aujourd’hui, quand un sujet les dépasse, les médias généralistes se trouvent réduits à faire appel aux journalistes de la presse spécialisée, tels que l’équipe d’Aerospatium. Cette externalisation tient de l’ubérisation, la rémunération en moins. En échange de nos « lumières » et d’un éclairage sur le sujet qui les préoccupe… ces médias ne nous offrent qu’une promesse de notoriété. Au passage, ils s’économisent un salaire.
Néanmoins, cela nous permet de rester en prise avec « les vrais sujets » qui passionnent les foules. L’aviation électrique, la décarbonation de l’aérien, le réarmement face à la menace russe, la restauration de l’accès autonome à l’espace, les succès de nos pépites technologiques ?
Que nenni ! Les drones au-dessus du New Jersey sont bien plus importants. Et les spécialistes défilent pour expliquer que si c’était des drones-espions ils éteindraient leurs feux de position, qu’il est impossible de déterminer la distance d’un objet si on n’en connaît pas la taille et inversement, ou que cette photo montre la constellation d’Orion, magnifique en hiver, et pas un ovni…
À Halloween 1938, Orson Welles avait fait débarquer ses martiens à Grovers Mill, New Jersey. Neuf jours plus tard c’était la « Nuit de Cristal ». J’espère que nous n’assistons pas à un remake.