Un quinquagénaire et un septuagénaire qui discutent des malheurs du monde – réels ou supposés – et de la manière dont ils aimeraient y remédier. On les imaginerait volontiers accoudés au zinc d’un quelconque café du commerce tant le niveau du débat ne décolle pas, quand il ne verse pas dans la rodomontade ou l’inintelligible. Si seulement ils n’étaient pas, l’un comme l’autre, multimilliardaire et pontifiant dans l’oreille de 1,3 millions d’auditeurs, tous deux imbus de la supériorité intellectuelle et du destin messianique qu’ils se sont persuadés d’avoir. L’un veut redonner sa grandeur à l’Amérique, l’autre veut sauver l’humanité en la rendant « multiplanétaire ».
Le 12 août, Elon Musk recevait Donald Trump sur son réseau X pour un « entretien ». Pas question de débat ou d’une réelle volonté de répondre à des questions légitimes : le patron de SpaceX est d’accord avec l’ex-président et n’apporte pas le moindre début de contradiction. Peu importe que son interlocuteur aligne contre-vérité sur contre-vérité, le patron de SpaceX acquiesce.
Lorsque le Commissaire européen Thierry Breton appelle à la modération, Elon Musk lui propose « d’aller se faire voir ». Pas d’erreur ici, X n’est pas un organe de presse et n’est donc tenu par aucune règle déontologique, surtout européenne.
Il n’a pas été question du spatial, de la Lune ou de Mars. Le sujet n’est pas clivant aux États-Unis, seul le choix des moyens l’est. Avec deux tiers des satellites sur orbite aux mains du milliardaire, celui-ci accomplit l’objectif annoncé par Mike Pence en 2019 : une domination américaine de facto dans l’espace. Et si la frange démocrate de la Nasa défend la coopération via le programme Artemis, Elon Musk n’a de cesse de rappeler que seul son Starship 100 % américain pourrait atteindre la Lune et Mars au cours du prochain mandat… si la prochaine administration lui laisse les mains libres.