Sur l’aéroport de Mojave, l’un des plus grands avions du mondes, le Stratolauncher, achève ses essais de roulage. À quoi bon ? Il finira comme attraction dans un hangar, à l’image de son illustre prédécesseur, le « Spruce Goose » d’Howard Hughes. Son concepteur Paul Allen décédé en octobre dernier, ses héritiers se sont empressés d’arrêter le développement des lanceurs aéroportés que devait emporter l’avion géant et de réduire l’effectif de la société à dix personnes, pour évacuer les affaires courantes.
Trop gros, conçu pour un marché qui a fondu pendant son développement, la disparition guette aussi l’A380 au moment où la direction d’Airbus se renouvelle. Une possible conversion des commandes d’Emirates vers des A350 et la messe serait dite. L’avenir est aux bimoteurs, mais pas forcément aux plus gros, comme en témoigne le peu de succès du 777X de Boeing.
Il n’est finalement pas si facile d’être le plus grand de sa classe et le succès insolent du 747 pourrait rester un cas unique dans l’histoire. Aujourd’hui, les passagers ne veulent plus transiter par des hubs et les opérateurs rêvent d’une souplesse que n’offrent plus les géants.
Ce constat s’étendra-y-il au spatial ? Le lanceur géant américain SLS aura-t-il un autre marché que la desserte lunaire ? SpaceX trouvera-t-il de nouveaux passagers pour son Falcon Heavy ? Même l’Ariane 64 semble avoir un marché plus compromis que l’Ariane 62. Dans ces conditions, si Elon Musk parvient à développer son Starship, la question est de savoir s’il enfantera d’un nouveau Jumbo Jet ou d’un énième éléphant blanc.