Dans son roman initiatique et autobiographique « Rocket Boys », porté à l’écran en 1999 sous le titre « October Sky », Homer Hickam, ancien ingénieur de la Nasa, évoquait les efforts de jeunes d’une ville minière moribonde en Virginie-Occidentale de la fin des années 1950 dans l’apprentissage des sciences pour échapper à leur condition et aider l’Amérique à relever le défi de Spoutnik. Il y narrait sa propre rencontre avec Wernher von Braun, à l’origine de sa carrière.
Il y a quelques années, Jean-Jacques Dordain, alors directeur général de l’ESA, avait évoqué le danger que représentait, selon lui, le manque d’attractivité des filières scientifiques. Il avait prophétisé qu’un jour les projets spatiaux européens ne seraient plus limités par les budgets mais par le nombre d’ingénieurs compétents disponibles pour s’y consacrer. Pour éviter cela, plaidait-il, il fallait redonner de l’inspiration aux jeunes générations.
À la suite du lancement du Crew Dragon, son homologue de la Nasa, Jim Bridenstine, a espéré que cet événement serait une source d’inspiration pour les jeunes générations à devenir les prochains Elon Musk, Jeff Bezos, ou Richard Branson. Il y a sûrement de meilleurs modèles pour des ingénieurs ou des scientifiques en herbe.
Qu’est-ce qui inspire les jeunes ingénieurs de l’aéronautique française aujourd’hui ? À en croire la tribune publiée par 550 d’entre eux dans le quotidien Le Monde, ce n’est pas la recherche de solutions techniques ou scientifiques. Alors que le secteur pour lequel ils ont étudié reste le plus en pointe en matière d’investissement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre – ce qui en soi constitue déjà une forte motivation – plutôt que de rejoindre cet effort ils réclament davantage de restrictions.
Si l’aérien doit tirer demain le reste de l’industrie vers une baisse des pollutions, il conviendrait d’éviter qu’il n’expire avant.