Deux protons et deux électrons, la molécule de dihydrogène est la plus simple de la création, c’est aussi la plus petite et c’est là que le bât blesse : elle se faufile partout, dès que le moindre interstice existe. Les déboires de la Nasa avec le remplissage de son lanceur géant SLS l’ont montré, il est difficile de gérer de grands volumes d’hydrogène, même liquide, sans rencontrer de fuites. Dès qu’il existe un connecteur, un joint, une vanne, il y a une déperdition.
Or l’hydrogène, même vert (produit à partir d’énergies renouvelables) ou rose (à partir du nucléaire), n’a pas que des avantages, s’alarment certains. Il serait indirectement un puissant contributeur à l’effet de serre. À masse égale, il serait même 200 fois plus néfaste que de dioxyde de carbone… mais avec une durée de vie beaucoup plus courte car il est très réactif. Ainsi, il contribue à prolonger la durée de vie du méthane atmosphérique et réagit avec l’oxygène de l’air pour créer le pire des gaz à effet de serre : la vapeur d’eau !
La question fait débat au sein même des scientifiques du Giec, où l’on tente de soupeser les avantages et les inconvénients d’une économie de l’hydrogène pour réduire le forçage climatique. Du côté de l’industrie, heureusement, on travaille sur des solutions pour réduire ces fuites. Au-delà de la conception de connecteurs adaptés pour limiter les problèmes d’étanchéité, l’emploi de catalyseurs sur les interfaces fait réagir immédiatement l’hydrogène avec l’oxygène de l’air pour en faire de l’eau. Liquide ou solide, celle-ci a aussi l’avantage d’améliorer l’étanchéité.
Aujourd’hui, les industriels européens sont en pointe sur les technologies de l’hydrogène. Il ne faudrait pas qu’ils connaissent le même sort que le monde du nucléaire, victime de la frilosité des politiques face au dogmatisme vert, et désormais bien en peine de relever les défis de la crise énergétique.