En érigeant les idéaux en dogmes, la radicalisation en politique revêt facilement les oripeaux du fanatisme religieux, de la vision manichéenne du monde à la recherche de boucs émissaires. Hélas, l’écologie politique n’échappe pas à ce travers. La disparition de la culture du débat et de la contradiction, une inculture scientifique généralisée et une approche paranoïde de l’économie font le lit de dérives auxquelles il est difficile de résister, car elles se revendiquent d’une préoccupation légitime de protection de l’environnement.
La victime expiatoire est l’aérien, plutôt que le streaming vidéo et les jeux en ligne, au bilan carbone pourtant bien plus désastreux. Mais Netflix et Fortnite appartiennent aux classes populaires alors que l’avion est assimilé à un privilège réservé à des jet-setters fortunés. La messe est dite : le secteur a été mis à genou par la crise du Covid-19, le temps est venu de l’achever.
Peu importe qu’il soit un moteur de l’économie, en pointe dans les efforts de réduction d’émissions (pas seulement de CO2), ni que la majorité de ses utilisateurs soient des travailleurs ou des étudiants expatriés, des familles dispersées ou des vacanciers retraités. Que l’avion désenclave bien des régions pour lesquelles il n’y a pas d’alternative de transport n’a pas plus d’importance.
Outre des conséquences immédiates sur l’emploi et l’économie, la destruction du secteur aboutira effectivement à réserver le droit de voyager aux seuls qui auront les moyens de se l’offrir. Il nous privera surtout des moyens de notre souveraineté. Sans ces maîtres d’œuvre et cette chaîne de sous-traitance de haut niveau, plus de moyens de défense, ni de satellites pour veiller sur le climat. À terme cela signe la soumission à des puissances étrangères dont les préoccupations écologiques pourraient s’avérer fort peu compatibles avec celles de nos « khmers verts ».
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