Ioulia Peressild, actrice russe, vient d’arriver à bord de la Station spatiale internationale, accompagnée du metteur en scène Klim Chipenko. Pendant douze jours elle va incarner un chirurgien venu sauver la vie d’un astronaute en péril dans le complexe orbital. Plusieurs membres de l’équipage actuel de la Station serviront de figurants dans cette fiction, dont Oleg Novitsky, qui sera l’objet de ses soins et qui la raccompagnera sur Terre.
On retiendra de ce tournage sur orbite qu’il consacre l’espace proche comme un lieu de vie humain, puisqu’il devient possible d’y inscrire une œuvre dont il est le cadre et non plus l’objet. Le fantasme de l’espace accessible à tous n’est pas loin. Le récent vol d’Inspiration4 y a contribué, avec ses amateurs seuls dans leur capsule et le documentaire qu’ils se sont consacré sur Netflix. Mais en réalité cela reste un fantasme, que quelques rares privilégiés peuvent vivre à leur façon, pourvu qu’il en aient les moyens financiers.
Cela peut prendre la forme du selfie le plus cher de l’histoire : celui qu’accomplira en décembre le milliardaire japonais Yusaku Maezawa, en se faisant accompagner sur Soyouz MS-20 par un assistant chargé de le filmer pendant sa semaine sur orbite. Cela peut prendre la forme d’un travail, même d’actrice, jouant le rôle d’une autre travail, médical.
Au moment où l’Europe se remet à évoquer l’éventualité d’un futur programme de vols habités, la question de la motivation doit être posée. La démonstration de force technologique a souvent été un moteur. Il va falloir aujourd’hui chercher une meilleure justification, faute de quoi ce ne sera au mieux qu’un fantasme, une illusion, voire un vulgaire remake.
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