Le 5 mai, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la fin de l’état d’urgence de santé publique de portée internationale déclenché le 30 janvier 2020 face à la pandémie de Covid-19. C’est désormais officiel, l’épidémie a été endiguée à peu près partout : nous voici désormais dans « le monde d’après ».
Est-il si différent du monde d’avant ? On le dirait volontiers en entendant, lors de son audition au Sénat le 17 mai, le président du Cnes Philippe Baptiste défendre ardemment, pour la première fois, le vol habité européen, chiffrant même l’investissement initial nécessaire à 1 Md€. Des astronautes, décollant de Kourou sur une Ariane 6 adaptée au vol habité, rejoindraient une station spatiale européenne…
Pourtant, l’Histoire nous enseigne que les crises ne sont en général que des révélateurs de mouvements de fonds. Si la crise du Covid a mis en évidence la nécessité d’une souveraineté européenne, illustrée dans le spatial par le président du Cnes, elle fait écho aux appels de Thierry Breton, avant la pandémie, pour un système de télécommunication souverain.
La guerre en Ukraine a rappelé aux Européens de l’ouest les menaces russes et engendré une hausse des budgets militaires : mais il y a longtemps que la Pologne, la Chine, la Turquie et les États-Unis s’armaient sans faiblir. La crise sanitaire, inédite dans notre monde moderne, a accéléré les transformations que la technologie rendait déjà possibles.
En brusquant la prise de conscience, elle nous oblige à penser après-demain dès aujourd’hui. La dépendance à la Chine était un risque à venir. Elle est désormais une réalité à affronter. Le plus important est de ne pas rater une marche en s’accrochant à de vieilles lunes, sans ambition, au risque, à terme, de ne plus appartenir qu’au monde d’avant.
