Mésentente cordiale

Le torchon brûle entre Paris et Berlin sur des dossiers dont l’urgence et la pertinence sont perçues très différemment selon la rive du Rhin sur laquelle on se situe. Qu’il s’agisse du Scaf (Système de combat aérien futur) ou du drone Male européen, la bataille n’est pas gagnée entre les deux principaux partenaires. Pendant ce temps les contrats ne sont pas signés et les développements piétinent. Ailleurs, sur des projets où un pays mène et les autres le suivent, de telles questions ne se posent pas.

Après le départ des Britanniques, l’Europe de la défense n’est plus qu’un attelage à deux, entre la France et l’Allemagne, où chacun tire à hue et à dia. Non contents de ne pas parler la même langue, les deux moteurs de l’Europe ne partagent pas la même vision du monde et donc des intérêts à y poursuivre.

La France voit un intérêt majeur à défendre son autonomie stratégique par rapport aux États-Unis, consciente des rivalités existantes avec son allié transatlantique. L’Allemagne ne jure que par les perspectives économiques pour son industrie et souhaite ne surtout pas s’affranchir de Washington sur lequel elle se défausse volontiers de toute responsabilité militaro-stratégique. Ces deux approches peinent à s’accorder. Quand Paris veut protéger son indépendance, Berlin est aussi intéressé à en tirer bénéfice pour faire tourner ses usines.

La coopération de défense est elle impossible ou simplement tortueuse ? Pour tenter de donner des éléments de réponse, Aerospatium publiera mi-février un numéro hors-série spécialement consacré à cet épineux sujet, analysant les succès et les échecs passés ainsi que les enjeux actuels.

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