Gestion commune d’un espace « durable »

Adrios ClearSpace Espace durable
Avec la mission Adrios, l’ESA promet la neutralité en débris. Crédit : ClearSpace.
Plus que jamais, la protection de l’environnement orbital apparaît comme un enjeu crucial et une vulnérabilité possible de l’économie européenne. Des standards pour un espace « durable » doivent être imposés, en Europe et globalement.

L’importance de l’infrastructure spatiale européenne pour son indépendance stratégique, économique et même écologique renforce une fois de plus la nécessité d’un positionnement de l’Europe non seulement sur la surveillance du ciel, mais sur la gestion du trafic spatial (Space Traffic Management). Le sujet est devenu particulièrement crucial avec l’envahissement de l’orbite basse par des constellations commerciales – principalement Starlink – qui multiplient les risques de collisions et de génération de débris et mettent en péril un usage durable de l’espace. Lors du lancement du télescope spatial James Webb, le 25 décembre, la fenêtre de lancement comportait plusieurs interruptions de deux minutes environ, afin de ne pas risquer de croiser des satellites Starlink !

Le récent essai antisatellite réalisé le 15 novembre par la Russie, qui a un temps menacé directement la Station spatiale internationale, est également un rappel brutal que l’espace proche ne doit plus être une zone de non-droit.

L’Union européenne dispose déjà de capacités de surveillance et d’orbitographie à travers les moyens mis à disposition par les États membres au sein du consortium EUSST (European Union Space Surveillance & Tracking). Celui-ci suit 240 satellites en temps réel pour la Commission et des États-membres – dont les satellites Galileo et ceux du programme Copernicus – afin de prévenir les risques de collision.

Réduire la dépendance

« Face à la multiplication des menaces, nous devons définir une approche holistique du STM, en particulier via le renforcement de nos capacités existantes », estime Thierry Breton. « Nous devons réduire notre dépendance au système américain [de suivi des satellites et débris] tout en maintenant notre interopérabilité ». Le suivi pourrait ainsi se faire aussi depuis l’orbite même. La future constellation souveraine pourrait emporter sur ses satellites des charges de surveillance de l’espace.

Toutefois, toute initiative européenne n’aura de sens que dans un cadre global. Cela passera par la définition et l’adoption de standards et de réglementations au niveau international. Dans les cercles européens, on aimerait qu’à cette occasion soit renouvelé le succès rencontré en 2016 par le RGPD (Règlement général sur la protection des données) dans les échanges informatiques, notamment face aux géants américains des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) : établir des règles européennes dont l’exemple sera une inspiration pour le reste du monde qui finira par les appliquer.

GEOtracker ArianeGroup Espace durable
Un télescope du réseau GEOtracker d’ArianeGroup. Crédit : Dannenberg – ArianeGroup.

Wargame spatial

Le Commandement français de l’espace (CDE) mènera en mars un nouvel exercice AsterX de gestion de crise spatiale, en partenariat avec ses homologues en Europe et aux États-Unis. La première édition de cet exercice, en mars dernier, avait été un vrai succès.

Le 16 décembre, le CDE a renforcé sa coopération avec ArianeGroup qui lui fournit les services de son réseau de télescope GEOtracker pour la surveillance de l’orbite géostationnaire, désormais étendue aux orbites hautes et moyennes, telles que celles des satellites de navigation Galileo. Plus de 30 stations doivent être déployées d’ici 2025.

Notre dossier : 2022, année charnière pour l’Europe spatiale

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