L’Union européenne a été imaginée lors d’une période où la croissance était à deux chiffres. Les stigmates de la guerre passée étaient omniprésents et le spectre d’un conflit à venir planait à l’horizon. On rêvait que le libre-échange réunirait les peuples européens dans une saine interdépendance et que l’Amérique serait un allié indispensable face aux tristes scénarios qui se tramaient de l’autre côté du Rideau de fer.
La conflagration Est-Ouest n’a pas eu lieu et le souvenir des guerres en Europe occidentale s’est estompé. L’allié américain s’est révélé bien des fois avoir son propre agenda dont notre industrie a fait les frais plus souvent qu’à son tour. Le libre-échange européen s’est avéré être le moteur de rancœurs entre gouvernements, et même entre populations.
Aux États-Unis, le président parle et tweete haut et fort des vérités que tout le monde préférait ignorer, sur la réalité du protectionnisme américain, sur ses vrais objectifs stratégiques et sur la menace de guerres commerciales.
Au diable la diplomatie alors !
Que se passerait-il si l’on en faisait autant ici ? Peut-être ferait-on remarquer à l’Allemagne qu’elle met en danger l’accès européen à l’espace pour faire payer à ses alliés des choix industriels inconsidérés. Le futur avion de combat européen serait développé sur la base des compétences et non d’un consensus budgétaire au final plus coûteux qu’efficace. On dirait sa façon de penser à ceux qui prônent l’Europe mais ne se fournissent qu’outre Atlantique. On imposerait enfin la préférence européenne.
Et au risque de blasphémer on évoquerait enfin les avantages d’une autonomie industrielle européenne.