À lire le rapport que vient de publier la Cour des comptes et qui pointe du doigt les difficultés, les retards et les surcoûts des programmes de coopération européens, on pourrait être perplexe à l’idée d’en lancer de nouveaux. Ce serait oublier un peu rapidement que nombre d’entre eux ont été de francs succès.
La recherche de la taille critique par la multiplication des partenaires a du sens, tant qu’elle obéit à une logique industrielle autant que politique. Une fois un accord intergouvernemental trouvé, tout projet de coopération se met à ressembler à un paquebot : virtuellement impossible à arrêter il est aussi très dur à manœuvrer. Que la situation stratégique change radicalement, comme avec la chute du Mur pour le Tigre, et l’on se retrouve avec une plateforme adaptée à une menace disparue, des adaptations coûteuses, des commandes réduites et un prix qui explose.
Des leçons doivent être tirées, surtout si l’alternative est une perte de compétences en Europe. Une vision stratégique commune, accompagnée d’un engagement financier clair est la clé, car toute hésitation entraînera de coûteux délais.
Gouvernements et industriels doivent travailler de manière plus intégrée pour réduire les durées d’études et de développement. Enfin, des pôles de compétences doivent être établis à travers la consolidation de champions industriels transnationaux, afin de gérer plus efficacement les retours industriels sans avoir à marier des carpes et des lapins. Il ne restera plus qu’à espérer qu’à l’heure des choix, même les gouvernements les plus atlantistes acceptent de jouer la carte européenne.