Aux États-Unis, on ne déroge pas à certaines traditions de l’esprit pionnier et la colonisation d’une « nouvelle frontière » rime forcément avec « chemin de fer », fusse sur la Lune. La Darpa (Defense Advanced Research Program Agency) a donc inclus dans son architecture lunaire sur dix ans (LunA-10) le développement d’une infrastructure ferroviaire pour le transport de personnels, de fret et de ressources destinées aux activités commerciales à la surface de la Lune. Ce « chemin de fer lunaire » devra contribuer à l’essor d’une « économie lunaire » pour les États-Unis et leur partenaires.
L’agence de recherche du Pentagone a confié l’étude de ce concept à Northrop Grumman, autrefois maître d’œuvre du seul vaisseau habité à s’être posé sur la Lune, le module lunaire Apollo (LM). L’industriel devra définir les interfaces et les ressources nécessaires. Il lui faudra aussi identifier le coût d’un tel système ainsi que les risques techniques et logistiques, avant de procéder à la conception de prototypes et de démonstrateurs pour un futur système pleinement opérationnel.
La Darpa privilégie le train
La Darpa demande à Northrop Grumman de prendre en compte les moyens nécessaires à la construction et l’exploitation d’un tel système par des procédés robotiques, du placement et de l’alignement des voies, à la finition, l’inspection, la maintenance et les réparations.
« Cet investissement dans des recherches de développement clés maintient notre technologie à l’avant-garde des solutions de nouvelle génération », estime Chris Adams, directeur général des systèmes spatiaux stratégiques chez Northrop Grumman. « Grâce à notre expérience éprouvée dans l’intégration de systèmes complexes et de services autonomes commercialisés, nous continuerons à créer un changement durable pour un écosystème spatial durable. »
L’intérêt du projet, qui nécessitera la création d’une infrastructure lourde de production sur la Lune, avec une empreinte au sol étendue, soumise à l’abrasion par la poussière de régolite, et gourmande en énergie, reste sujet à caution, alors que l’absence de turbulences atmosphériques – faute d’atmosphère – permet d’envisager des moyens de transport balistiques entre sites éloignés avec des infrastructures limitées. La querelle entre le terrestre et l’aérien aura-t-elle son pendant lunaire ?
Une économie lunaire ou une revendication territoriale ?
Le concept d’architecture LunA-10 de la Darpa vise à solliciter différents secteurs de l’industrie pour créer des services « monétisables » sur et autour de la Lune en complément de l’initiative « Moon to Mars » de la Nasa – dont dépend le programme lunaire Artemis – qui se focalise sur l’exploration, la science et les expérimentations sur la Lune.
Pékin voit cette initiative d’un très mauvais œil. Combinée aux Accords Artemis, dénoncés par la Chine et la Russie, la mise en place d’une infrastructure étendue à la surface de la Lune permettrait aux États-Unis de revendiquer des droits prioritaires sur de vastes parties de celles-ci au titre de « zones d’intérêts protégés » et de contourner ainsi le Traité de l’Espace de 1967, qui interdit toute forme de revendication territoriale sur un tout autre corps céleste que la Terre.
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Ouf ouf ouf
Et bien non. Le poisson d’avril c’est que ce n’était pas un poisson d’avril.