Voici deux semaines que le rouleau compresseur russe, qui avait alimenté nos fantasmes durant la Guerre froide, est embourbé dans la plaine ukrainienne face à une résistance des troupes de Kyiv qui force le respect. En quelques jours, Vladimir Poutine a réalisé le miracle de redonner un sens à une Otan naguère moribonde et d’amorcer une solidarité européenne dont nul n’aurait rêvé il y a quelques semaines. Dans une forme de prophétie auto-réalisatrice, le maître du Kremlin a confirmé à ses voisins qu’ils avaient bien raison de vouloir chercher refuge sous un autre parapluie.
En quelques jours, cette guerre aura mis à bas trente années d’efforts d’une coopération qui avait pour but de rendre un tel conflit impossible en intégrant la Russie à l’écosystème économique et industriel mondial. Quelques tweets rageurs du patron de Roskosmos ont détricoté les alliances qui avaient permis de sauver le secteur spatial russe de l’effondrement et semé la consternation chez les partenaires qui avaient noué des relations de confiance.
Certes, en se coupant du plus grand pays du monde, en surface et en ressources, l’économie occidentale s’est imposée un régime sec. Mais que dire de celui que va subir une industrie russe terriblement dépendante de fournisseurs étrangers ? Entre ses avions fabriqués à Toulouse, Hambourg ou Everett et ses machines-outils américaines ou allemandes, combien de temps pourra-t-elle se passer de pièces de rechange ?
Vladimir Poutine rêvait d’une Russie que l’on reconnaîtrait comme une grande puissance à part entière, il a réussi à en faire un État voyou, pour longtemps indigne de confiance, et dont le seul pouvoir est d’agiter la menace nucléaire envers quiconque le contredirait. Il a enfin dévoilé son vrai visage : un danger pour ses voisins et pour son propre peuple.
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