La tentation du repli

La lecture du programme des douze candidats à l’élection présidentielle laisse un étonnant arrière-goût suranné, qui fleure bon l’isolationnisme, comme s’il s’agissait d’ériger un rempart contre un monde externe chaotique que l’on souhaiterait tenir à l’écart. En pleine invasion russe en Ukraine, trois quarts des candidats rêvent d’un désengagement de l’Otan, voire de la dissolution de l’Alliance. Difficile d’y voir autre chose qu’un renoncement à une certaine forme de solidarité envers les plus proches voisins de la Russie. Une façon de leur dire que nul d’entre nous ne souhaite mourir pour Varsovie ou Vilnius.

L’ex-France des lumières, persuadée de sa supériorité morale, humaniste et universaliste, veut retrouver son confort, isolée des tracas du monde. Ce qui ne l’empêchera pas de lui dicter son comportement à coup de taxes et de traités grandiloquents sur le climat, la dénucléarisation ou la démilitarisation de l’espace.

Le fait que son industrie soit à la pointe dans l’aérien, le spatial ou la défense est rarement vu comme un moyen de peser sur les affaires du monde, pour défendre un modèle de pensée universaliste ou humaniste, voire pour la seule défense de son économie. Pour beaucoup elle doit servir à armer la forteresse hexagone. Pour d’autres, elle doit être taxée, dépecée ou démantelée pour ne pas répondre à une orthodoxie « progressiste ». Entachées par une taxonomie qui les ravale au même rang que le tabac, l’alcool ou la drogue, les industries duales ne peuvent convenir à l’image paisible que certains voudraient donner d’une France à l’écart des fracas du monde sous leur bienveillante houlette.

Qu’on le veuille ou non, le reste du monde existe, et comme la France il est imparfait, mais les compétences qui existent dans ce pays peuvent peser sur la balance du destin, qu’il soit stratégique ou écologique, et il serait absurde d’étouffer ces chances de progrès à la recherche d’une illusoire sécurité.

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