La phase industrielle du programme Comsat NG (Communications par satellite de nouvelle génération) est sur le point de démarrer avec la signature d’un contrat pour le développement et la réalisation de deux satellites de télécommunications militaires – robustes au brouillage et aux cyber attaques – à lancer en 2021 et 2022. Le feu vert aurait été donné lors du dernier Comité ministériel d’investissement (CMI), qui s’est tenu le 11 novembre.
Deux industriels, deux plateformes
Le contrat a été signé début décembre par la DGA (Direction générale de l’armement) avec les groupes Thales (65 %) et Airbus (35 %) et sera notifié officiellement une fois qu’il aura été contresigné par le ministère des Finances. Dans le cadre de l’offre conjointe présentée au CMI de décembre 2014, la maîtrise d’œuvre du système est confiée à Thales Alenia Space qui se chargera aussi des charges utiles en bandes X et Ka. D’une manière assez originale, les deux satellites ne partageront pas la même plateforme. L’un sera réalisé sur la base de la nouvelle plateforme Eurostar Neo d’Airbus Defence & Space et l’autre la Spacebus Neo de TAS.
TAS a déjà réalisé les charges utiles des trois générations de satellites Syracuse (Système de radiocommunications utilisant le satellite) depuis 1984, et a été maître d’œuvre de la dernière (Syracuse 3) actuellement en service. Airbus DS a été maître d’œuvre des séries de satellites Télécom 1 et 2, porteurs des charges utiles Syracuse 1 et 2.
Le programme est budgété à hauteur de 3,8 Md€ sur 17 ans, dont un quart pour la construction des deux premiers satellites. En termes d’autorisations d’engagement – les sommes qui peuvent être engagées contractuellement – cela représente 817 M€ en 2015 et 170 M€ en 2016. Quelque 70 M€ de crédits de paiement – les sommes disponibles pour les versements – sont inscrits au budget 2016, avec une montée en puissance jusqu’en 2019. Le reste couvre aussi les lancements, le segment sol, la maintenance du système ainsi qu’un éventuel troisième satellite.
Commercialisation via PPP
Le système étant dimensionné pour les besoins de télécommunications militaires à l’horizon 2030, il devrait disposer d’une réserve de capacité qui sera disponible d’ici là, aussi le contrat avec les industriels comporte-t-il un partenariat public-privé (PPP) pour sa commercialisation via les filiales spécialisées des deux groupes : Telespazio et Airbus DS Services. Cet accord aurait permis de réduire la facture présentée à la DGA de quelques pourcents et comporte des objectifs commerciaux qui, s’ils venaient à être dépassés, pourrait ouvrir la voie à un intéressement de l’État sur les résultats.
Cet article a été publié dans le numéro 0.3 d’Aerospatium, daté du 12 décembre 2015.