Faites l’expérience dans votre entourage, auprès de quelqu’un qui ne travaille pas dans le secteur aéronautique et spatial. Qui domine aujourd’hui le marché des lancements spatiaux ? Celui de l’observation de la Terre ? Où est implanté l’industriel numéro deux du spatial dans le monde ainsi que deux des trois plus grands opérateurs de satellites de télécommunications ? Où ont été construits la plupart des modules de la station spatiale internationale ?
Beaucoup penseront immédiatement aux États-Unis. Quelques audacieux se hasarderont à mentionner la Chine ou la Russie. Bien rares seront ceux qui pensent à l’Europe. Pourtant c’est une réalité durable : l’Europe joue en tête dans le secteur spatial et le démontre encore aujourd’hui avec des programmes qui servent de référence mondiale, d’Ariane à Copernicus.
Lors du symposium « Perspectives spatiales », organisé par Euroconsult et le Gifas le 9 février à Paris, trois responsables politiques français s’en sont émus. Pour l’ancienne ministre Geneviève Fioraso, la députée de Guyane Chantal Berthelot et l’actuel secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon, ce manque de notoriété nuit au financement de nouveaux projets, mais aussi à la motivation des jeunes pour faire carrière dans le secteur spatial. À terme, il nuit à sa compétitivité.
Au delà de l’effort d’information, il convient de se livrer à une véritable reconquête d’un imaginaire collectif saturé d’une vision américaine sans partage. Les médias, généralistes ou spécialisés, ont un rôle décisif à y jouer, tout comme la culture. Car les Européens doivent se réapproprier ce domaine qu’ils ont déjà conquis.