Dans les heures qui ont suivi les attentats commis le 22 mars à l’aéroport de Bruxelles-National, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Certains ont appelé au vote rapide de la directive européenne sur la centralisation des fichiers PNR (Passenger Name Record) bloquée depuis 2007 par le Parlement européen au nom de la protection des libertés individuelles. En quoi ce profilage généralisé des voyageurs aurait-il pu protéger l’aéroport contre des terroristes nés sur place et qui ont transporté leurs explosifs en taxi ?
Au-delà de l’émotion légitime à la suite de tels drames, il faut rappeler qu’il n’y a pas eu de détournement ou d’attentat dans un avion au départ d’un aéroport européen depuis le crash de Lockerbie en 1988, qui avait fait autant de victimes que l’ensemble des attentats en Europe depuis dix ans. Les mesures actuelles semblent donc avoir été efficaces.
D’autres voix s’élèvent pour demander de nouvelles lignes de contrôles à l’entrée des aérogares, comme cela se fait en Israël, où la vérification des véhicules débute à plusieurs kilomètres de l’aéroport. Cette solution serait extrêmement coûteuse à mettre en place en raison de la conception même des aéroports européens modernes. Leur « bunkérisation » rendrait les déplacements aériens plus complexes et plus onéreux. Les répercussions sur l’économie de l’ensemble du secteur aéronautique seraient importantes avec pour principal effet de ne pas éliminer le risque mais de le déplacer vers d’autres lieux publics, qu’il faudrait sanctuariser à leur tour. Si nous nous enfermons dans cette spirale de la peur, les terroristes auront gagné.