Les soucis de Viasat 3 vont ébranler l’assurance spatiale

Viasat 3
Viasat 3 Americas une fois déployé sur orbite. Crédit : Viasat.
Plus un satellite est gros et puissant, et plus important est le sinistre à couvrir par les assureurs du spatial. Les difficultés rencontrées lors du déploiement de Viasat 3 Americas pourraient coûter cher au secteur.

Le 1er mai dernier, le sixième Falcon Heavy plaçait directement sur orbite géostationnaire un satellite très attendu : Viasat 3 Americas, un géant de 6 418 kg, réalisé par Boeing sur la base de sa plateforme BSS‑702MP+ et porteur d’une charge utile développée par Viasat pour fournir une capacité record de 1 Tbit/s en bande Ka vers le continent américain.

À partir de là, toutefois, les choses ne se sont apparemment pas passées comme prévu.

Viasat 3
Le satellite Viasat 3 en configuration de lancement avec son réflecteur d’antenne replié en faisceau. Crédit : Boeing.

Le 12 juillet, l’opérateur, qui doit présenter ses résultats semestriels le 9 août, a révélé qu’un problème était apparu durant le déploiement du réflecteur d’antenne de 22 m de diamètre réalisé par L3 Harris, et qu’il n’a pas pu être résolu après plus d’un mois d’efforts.

Selon le communiqué officiel : « un événement inattendu s’est produit lors du déploiement du réflecteur et pourrait avoir un impact important sur les performances du satellite ». Viasat et L3 Harris procéderaient à « un examen rigoureux du développement et du déploiement du réflecteur », afin de déterminer son impact sur les performances et de définir d’éventuelles mesures correctives.

Viasat a eu beau prévenir qu’aucun de ses clients actuels n’était affecté et que sa couverture restait assurée, la révélation de ce coup dur pour l’opérateur, dont le plan de déploiement a déjà pris trois ans de retard, a entraîné une chute de près de 20 % de son cours de bourse, lors de la séance de pré-marché du 13 juillet.

L’ampleur de la perte de performance n’a pas encore été révélée mais elle devrait vraisemblablement entraîner la déclaration d’un sinistre. Le satellite, d’une valeur estimée à 700 M$, aurait été assuré pour 420 M$ en cas de « perte totale », ce qui dans le langage des assureurs correspond à la perte de 50 % des capacités.

Ce serait une mauvaise nouvelle pour un secteur de l’assurance spatiale qui avait repris des couleurs en 2022 avec un bénéfice de 285 M$ malgré la mauvaise surprise qu’avait constitué l’échec de Vega C couvert par une police de 210 M$. Alors que le nombre de lancements augmente et que celui des satellites lancés explose, le volume des primes collectées stagne depuis cinq ans en dessous de 500 M$. Un sinistre de cet ampleur ferait passer l’année dans le rouge.

En 2018, Viasat avait déjà déclaré un sinistre de 188 M$ suite à des défauts constatés sur les réflecteurs de Viasat 2, causant une baisse du débit de 350 à 260 Gbit/s.

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Les News du New Space: crise budgétaire ? – Spacekiwi

[…] Période de troubles pour ViaSat, dont le satellite Americas 3, mis en orbite le 1er mai dernier. Le satellite en orbite géostationnaire a subi des anomalies au cours du déploiement du réflecteur. Sa mission pourrait bien être perdue. […]