Les militaires ont la louable mais fâcheuse habitude d’obéir aux ordres. Fâcheuse car du coup ils sont les seuls à respecter scrupuleusement les arbitrages budgétaires. Ainsi le ministère de la Défense a-t-il vu ses ressources baisser de 29 % en neuf ans. La concomitance entre la publication d’un rapport du Sénat sur la nécessité et la manière de remonter le budget de Défense à 2 % du PIB et l’annonce d’une coupe de 2,66 Md€ dans le budget sur cinq ans, laisse présager de lendemains qui continueront à déchanter.
La très européenne Sylvie Goulard, ministre des Armées – une dénomination qui efface la mission au profit du poste comptable –, aimerait voir naître une Europe de la Défense. Mais celle-ci ne sera forte que si elle s’appuie sur une industrie forte. Or cela ne semble pas une priorité de nos alliés de l’Union, qui se précipitent en masse pour acheter un F-35 américain inadapté à leurs besoins en espérant quémander une place sous un parapluie que Washington tend à vouloir refermer ou au moins monnayer.
Avec le départ des Britanniques, la base de l’industrie européenne de défense se rétrécit. La France doit se donner les moyens de maintenir ses capacités de développement comme la DGA s’y est employée contre vents et marées depuis des années, avec une créativité remarquable. Sinon, l’Europe restera sous tutelle et ses budgets d’équipements, loin de soutenir l’emploi local, iront grossir les bénéfices de nos partenaires outre-Atlantique.