Alors que les questions sur l’empreinte carbone de l’aviation se font de plus en plus pressantes, l’industrie s’organise pour faire position commune. Le Groupe d’action du transport aérien (Atag), organisation qui regroupe des industriels, des aéroports et des associations professionnelles (notamment de compagnies aériennes) afin de représenter le secteur sur les enjeux de développement durable, a ainsi tenu son Forum mondial 2016 le 10 mai à Montréal. Cet événement se tenait en préambule d’une réunion de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour affiner son projet de système international de mesures basées sur le marché (MBM) destiné à limiter les émissions de gaz à effets de serre dans l’aviation internationale. C’était l’occasion pour le lobby de faire bonne figure en réaffirmant son soutien à la mise en place d’un mécanisme mondial de quotas d’émissions et en soulignant les progrès faits à son sens dans la définition du futur système.
L’industrie se félicite des progrès
Tout au long du forum et de la réunion de haut niveau, Michael Gill, directeur exécutif de l’Atag, s’est évertué à souligner les progrès réalisés en terme de convergence : « Les délégations ont montré d’impressionnants efforts pour consolider le texte de travail et arriver à un accord. Nous sommes encouragés par la volonté de toutes les parties de s’engager pragmatiquement dans les négociations ». Il affirme même qu’« il y a de larges parties du nouveau texte de travail que l’industrie de l’aviation peut soutenir et qui fourniraient une base solide pour le premier mécanisme mondial. […] L’industrie est prête à jouer son rôle et nous encourageons les gouvernements à aller plus loin pour fournir un accord avec des paramètres concrets qui nous permettent de démarrer l’implémentation à partir de 2020. »
Encore des blocages
Passée cette profession de fois, Michael Gill ne se fait pas prier pour dire qu’il demeure des points de blocage. L’Atag a ainsi réaffirmé ses craintes que les MBM fassent peser un poids économique trop lourd sur l’industrie et ne faussent la concurrence si des mécanismes régionaux étaient mis en place plutôt qu’un système mondial.
Assez paradoxalement, le Groupe d’action milite pour un système différencié entre les pays dont l’économie est développée et ceux où elle est encore en développement, allant au-delà des propositions de l’OACI. L’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, le Panama, la Russie et l’Arabie Saoudite se sont aussi fendus d’un communiqué commun allant dans ce sens.
Naturellement, l’Atag réclame aussi un fonctionnement administratif aussi simple que possible. Enfin, il ne manque pas de rappeler les efforts déjà fait par l’industrie en terme de réduction de ses émissions de CO2, avec l’achat de nouveaux avions, les essais de biocarburants et le développement de la production, l’amélioration de la gestion du trafic et des procédures, la mise en place de programmes tels que celui d’Accréditation carbone pour les aéroports contrôlant, plafonnant puis réduisant leur empreinte environnementale. C’est aussi l’occasion pour le Groupe d’action de rappeler que les MBM ne sont qu’une mesure parmi d’autres.