Le site de Michoud, en Louisiane, est habitué aux superlatifs. Le complexe s’étend sur 337 hectares et dispose de 174 000 m2 couverts et climatisés, avec une hauteur sous plafond de 12 m. Les premiers ateliers sont créés près du canal qui mène au lac Borgne et au golfe du Mexique en 1940 pour y construire des avions cargo et des péniches de débarquement. Pendant la guerre de Corée on y produit aussi des moteurs de chars.
Avec Apollo la Nasa prend le contrôle du site en 1961 et y installe les chaînes de production du premier étage des lanceurs Saturn 1 et 1B par Chrysler. Boeing arrive l’année suivante pour y produire le premier étage S-1C de Saturn 5. Dix-neuf exemplaires de cet étage hors norme sont fabriqués, dont quinze modèles de vol. Transférés par barge à Cape Canaveral, treize sont lancés de 1967 à 1973.
Haut de 42 m pour 10 m de diamètre, le S-1C pèse 137 t à vide et emporte 2 276 t de kérosène et d’oxygène liquide, soit l’équivalent de près de six fois le premier étage du Falcon 9 de SpaceX ou huit fois l’étage central de l’Atlas 5 de United Launch Alliance. Ces 2 057 m3 d’ergols sont brûlés en 2 minutes et demi.
À l’arrêt d’Apollo, le site prend en charge la production des réservoirs externes de la navette, seul élément entièrement consommable du système. La maîtrise d’œuvre est alors assurée par Martin Marietta (aujourd’hui Lockheed Martin). Longs de 46,9 m pour 8,4 m de diamètre, ils sont chargés de 735 t d’hydrogène et oxygène liquides, soit 2 050 m3 d’ergols.
Dans les années 1990, certains éléments de la Station spatiale internationale sont également assemblés dans d’autres bâtiments du site de Michoud, qui est juridiquement une extension du Centre spatial Marshall d’Huntsville, en Alabama (à 700 km de là).
Le site est actuellement chargé de la production – toujours par Boeing – de l’étage central du nouveau lanceur lunaire géant SLS, le premier à rivaliser en taille avec le S-1C même s’il n’utilise pas les mêmes ergols : 64,6 m de haut pour 8,4 m de diamètre et 979,5 t au décollage dont 894 t d’ergols.
Le premier vol du SLS est prévu fin 2020. Il lui reviendra de lancer les capsules Orion vers la Lune en vue d’un retour d’astronautes à sa surface en 2024.
Retour à notre série : Apollo, un héritage industriel cinquantenaire.
Cet article compte 490 mots.