Dans l’éditorial du n°1 d’Aerospatium, en janvier 2016, j’avais fait référence à la fameuse malédiction chinoise, déguisée en bénédiction, qui consiste à souhaiter à son interlocuteur de « vivre des temps intéressants ». Face au vertige que suscitait en nous le lancement d’un nouveau média, il s’agissait alors de définir fermement nos objectifs : apporter un décryptage et une analyse pertinente des mutations de notre secteur, en toute indépendance. Avec cet éclairage, nous souhaitions offrir à nos lecteurs une mise en perspective afin qu’ils puissent mieux évaluer les opportunités et les enjeux de leurs marchés.
Quatre-vingt dix-neuf numéros plus tard, il faut admettre que les quatre années qui se sont écoulées n’ont pas été avares en « temps intéressants ». En plus de 2 300 articles nous avons pu suivre de nombreux bouleversements riches en enseignements. L’émergence des constellations et des satellites reconfigurables ont poussé l’industrie des satellites à se réinventer. Les lanceurs réutilisables ont dû se confronter aux réalités économiques de leur mise en œuvre. L’Europe a tenté de se doter d’une politique industrielle de défense en se heurtant aux limites que lui impose la Real Politik des États qui la composent. Des grands noms industriels ont disparu dans des fusions ou des restructurations. Le Cseries s’est fait un avenir alors que Bombardier s’est auto-mutilé, Boeing a connu une crise sans précédent avec le 737 MAX avant que l’ensemble du secteur aéronautique n’ait eu à ployer sous l’ouragan pandémique.
Face à cette déferlante, en cent numéros, nous n’avons pu que raffermir notre détermination à vous informer. Nous remercions nos lecteurs de leur soutien et de leur fidélité. Nous vous souhaitons une bonne lecture de ce numéro et des nombreux qui le suivront.