Les dividendes de la paix, encaissés pendant trois décennies, ont montré leurs limites. Depuis un an, l’invasion de l’Ukraine est venue nous rappeler la différence entre une conflit asymétrique et une guerre de haute intensité entre armées modernes, et combien nous n’y sommes pas préparés.
Il y a un an encore, une guerre classique en Europe semblait un concept d’un autre âge. En quelques jours, le Kremlin nous a montré le contraire et la menace qu’il a fait resurgir nous a placés face aux limitations de nos modèles industriels et leur incapacité à soutenir un conflit de haute intensité dans la durée.
Depuis quelques mois, on n’hésite plus, dans les cercles du pouvoir français, à parler d’une « économie de guerre », alors même que l’on met en forme la Loi de programmation militaire la plus ambitieuse depuis la chute de l’URSS en termes de capacité, d’innovation et de MCO. Sur les sept ans à venir les commandes vont rebondir pour regarnir des stocks à l’étiage et l’industrie va être impliquée ab initio sur l’optimisation des coûts unitaires, des coûts non-productifs et des coûts de maintenance. Les réserves de pièces détachées vont être recréées tandis que l’expression des besoins des armées tout comme les processus d’acquisition par la DGA (Direction générale de l’armement) vont être simplifiés.
Le soutien à l’Ukraine reste la priorité, mais au-delà de cette ligne de front, l’objectif va être de ne plus prêter le flanc à des ennemis pour qui la force prime sur le droit. Bien au-delà des tranchées du Donbass, il va aussi falloir renforcer les moyens dans les drones et la défense antiaérienne, mais aussi sur orbite et dans le cyberespace, qui sont autant de nouveaux théâtres d’opérations.
Comme toujours, le nerf de la guerre sera financier. Une mobilisation s’impose pour un fonds d’investissement stratégique actif, des recrutements efficaces, une implication des start-up et des PME et une taxonomie qui se débarrasse de ses fausses pudeurs et reconnaisse le rôle protecteur de la défense.