L’Allemagne panique : le vice-chancelier et ministre des Finances et du climat, le Vert Robert Habeck, a décidé qu’il fallait installer 6 millions de pompes à chaleur. « Les gens doivent changer de mode de vie », a-t-il décrété.
En France, les liaisons aériennes courte distance pour lesquelles existe un TGV en moins de 2 h 30 ont été interdites par décret le 23 mai. La veille, la Cour des Comptes a rendu un rapport dans lequel elle préconise de réduire de moitié le cheptel bovin français pour réduire les émissions de gaz à effets de serre.
Un polytechnicien expert du climat a proposé que chaque personne dispose d’un quota de quatre vols en avion dans sa vie. Pour le reste, il peut prendre le bateau.
Ces idées « vertueuses » imposent à tous l’image d’un changement climatique imminent qui ne peut être contrer que par des mesures coercitives et extrêmes. Elles s’affranchissent aussi de toute réalité : il n’y a pas assez d’installateurs et de matériel pour produire et accrocher des millions de pompes à chaleur d’ici 2030 outre-Rhin. L’interdiction des vols entre Bordeaux et Paris a entraîné une augmentation très significative du trafic routier. La France n’est plus auto-suffisante en viande bovine et doit déjà importer une partie de celle qu’elle consomme – bonjour le bilan carbone.
Enfin, la réduction des vols à quatre par vie humaine signera de facto la mort de l’avion, de sa technologie et de la science qui va avec. Au lieu d’un avion zéro-émission, sur lequel travaillent actuellement les avionneurs européens, il ne restera que des appareils d’ancienne génération ou des modèles produits dans des pays moins regardants sur les niveaux d’émissions.
Et pendant ce temps-là, certains envoient toujours des touristes aux limites de l’espace. L’un d’eux a déjà effectué deux vols. Au vu du prix du billet, il a certainement pu compenser son empreinte carbone en rachetant une forêt ou deux au Costa Rica… À moins qu’il n’aille chercher une « planète B » sur Mars.
J’adore l’aviation et l’astronautique. Elles m’ont toujours fait rêver.
Cependant, je ne suis pas loin de penser que Jean-Marc Jancovici a parfaitement raison. Si nous n’organisons pas nous même la décroissance, ce sont les limites planétaires qui vont s’en charger. Et je crains que le résultat ne soit brutal …
L’aviation est un des secteurs les plus actifs dans la décarbonation, c’est aussi probablement le secteur dans lequel le nombre de modèles de moteurs à faire évoluer est le plus faible, ce qui facilite la transition. Enfin, c’est un domaine dans lequel les Européens, qui sont les plus actifs dans la décarbonation, sont en position de leadership et donc d’imposer leurs avancées au reste du monde. La sobriété a plus de sens que la « décroissance » proposée par certains et elle est accessible. L’aviation court et moyen courrier est le meilleur vecteur d’entrée de ces nouvelles technologies et donc s’en prendre à elle est contre-productif, en plus d’avoir un effet extrêmement marginal sur les émissions. Ce haro sur l’avion est purement dogmatique.
Personne ne nous demande de vivre sous des tentes ou dans des yourtes au nom de la décarbonation, pourtant le bilan carbone du secteur de la construction est bien pire que celui du transport aérien.