Du pétrole dans l’espace

Lancement du satellite récupérable Shijian 10 par un CZ-2. Crédit : DR.
Le satellite expérimental chinois Shijian 10 a été mis sur orbite le 5 avril avec à son bord une expérience pour le compte de l’ESA et du groupe pétrolier français Total.

La Chine poursuit sa politique qui consiste à ne plus annoncer les lancements plus de quelques jours à l’avance.

Pour Shijian 10, l’annonce n’est même venue qu’une fois le satellite sur orbite. Le lanceur CZ-2D a décollé du centre spatial de Jiuquan à 17 h 38 TU pour placer le satellite sur une orbite basse (234 x 268 km, inclinée à 42,89°). Il s’agit d’un satellite de type FSW d’environ 3 600 kg doté d’une capsule pour effectuer des expériences en microgravité. Celle-ci devrait être récupérée dans deux semaines.

La charge utile de Shijian 10 comporte 27 expériences sélectionnées parmi plus de 200 propositions. Huit de ces expériences concernent le domaine des matériaux, six celui de la mécanique des fluides, quatre la biotechnologie, trois les effets de la gravité sur les organismes vivants, trois les effets des radiations sur ces organismes et enfin trois la physique de la combustion.

Le satellite scientifique Shijian 10 en essais. Crédit : DR.
Le satellite scientifique Shijian 10 en essais. Crédit : DR.

Une des expériences emportées est un partenariat entre l’ESA, l’agence spatiale chinoise CNSA, l’entreprise Total et son homologue chinois PetroChina. Cette expérience SCCO (Soret Coefficient in Crude Oil) cherche à étudier le comportement des hydrocarbures hors de l’influence de la gravité pour fournir un mécanisme de référence à introduire dans les modèles, afin de mieux comprendre ce qui se passe au sein des gisements à plus de 8 km de profondeur. Elle consiste en six tubes de titane contenant chacun un millilitre de pétrole brut sous une pression de plus de 500 bars.

L’objectif est de modéliser une partie du phénomène qui fait qu’au cours du temps, dans ces gisements, les hydrocarbures lourds remontent et les hydrocarbures légers descendent, contrairement à ce que la logique gravitationnelle pourrait laisser présager.

Olivier Minster, de l’ESA compare ce phénomène au comportement des céréales dans une boîte : les plus grosses ne bougent pas tandis que les plus petites ont tendance à s’accumuler dans le fond. Dans les poches de pétrole une différenciation similaire pourrait s’opérer selon la taille des molécules.

Le gradient de température pourrait jouer un rôle important dans cette migration selon un mécanisme théorisé à la fin du XIXe siècle par le physicien français Charles Soret.

Conçue par l’industriel belge QinetiQ Space et réalisée par la société française Sanchez Technologies, en région parisienne, l’expérience consistera à chauffer une extrémité des tubes de pétrole et à refroidir l’autre pour induire la thermomigration. Avant le retour sur Terre, une vanne sera fermée au milieu de chaque tube afin de séparer les échantillons pour analyses.

L’électronique de contrôle de l’expérience a été fournie par le Shandong Institute of Aerospace Engineering de Yantai (Province de Shandong).

La modélisation des phénomènes à l’œuvre dans les poches d’hydrocarbures est indispensable pour une estimation fiable des réserves exploitables au sein des gisements pétrolifères.

Cet article compte 475 mots.

AUCUN COMMENTAIRE