Incorporée au projet de loi « Commerce-Justice-Science » (CJS), l’agence spatiale devrait s’en sortir plutôt bien pour une agence fédérale hors des sphères de la Défense. Le président a en effet décidé de renforcer les dépenses militaires de 54 Md$, en pratiquant des coupes correspondantes dans le reste du budget. À 19,1 Md$, son budget ne connaît qu’un faible repli par rapport aux 19,265 Md$ de l’année fiscale 2016 (le budget de l’année en cours est toujours en discussion au Congrès).
Sujet d’inquiétude, les activités d’observation de la Terre n’ont finalement subi que des coupes limitées, avec une dotation de 1,8 M$, soit 121 M$ de moins que le budget de 2016. Le financement de la recherche a été réduit et quatre missions ont été annulées : Pace, OCO-3, DSCOVR ainsi que Clarreo Pathfinder (cf. encadré).
Quatre annulations
Pace (Plankton, Aerosol, Clouds & Ocean Ecosystem) était une mission de 805 M$ (en comptant le lancement, les opérations et les études scientifiques) pour la mesure de certaines variables climatiques clés. Construite par le centre spatial Goddard de la Nasa dans le Maryland, elle aurait permis de mesurer la couleur des océans pour étudier la photosynthèse du phytoplancton, tout en suivant les aérosols et les nuages. Le lancement était prévu vers 2022/2023.
Clarreo Pathfinder et OCO-3 (Orbiting Carbon Observatory) devaient être des instruments montés sur la Station spatiale internationale. Projet du Centre de recherche Langley de la Nasa et chiffré à 45,6 M$ pour un lancement en 2020, le premier aurait dû être un spectromètre préparatoire à la mission Clarreo (Climate Absolute Radiance & Refractivity Observatory). Projet du Jet Propulsion Laboratory (JPL), OCO-3 devait être réalisé à partir de pièces de rechange du satellite OCO-2 lancé en 2014 pour poursuivre la mesure des concentrations en dioxyde de carbone dans l’atmosphère et de leur évolution. Son arrêt représente une économie d’à peine 27 M$.
Lancé en février 2015 après avoir été proposé en 1998 par le vice-président Al Gore et été annulé par l’administration Bush, le Deep Space Climate Observatory (DSCOVR) est une mission conjointe entre la Nasa et la NOAA. La Maison Blanche souhaite couper le financement des deux instruments de la Nasa tournés vers la Terre. Économie réalisée : 3,2 M$.
En parallèle une enveloppe de plus de 900 M$ du budget de l’US Geological Survey – qui dépend du département de l’Intérieur – sera dévolue aux missions « scientifiques » parmi lesquelles le développement du segment sol du satellite d’observation Landsat 9.
L’exploration en vedette
L’exploration robotique, qui a toujours été bien vue des Républicains, reçoit 1,9 Md$ (269 M$ de plus qu’en 2016) et confirme l’astromobile Mars 2020 ainsi que la mission Europa Clipper autour de Jupiter. En revanche, pas question d’adjoindre à celle-ci un petit atterrisseur capable de se poser à la surface d’Europe comme cela avait été envisagé pendant un temps.
Le plus gros budget reste celui dédié à l’exploration habitée, qui reçoit 3,7 Md$ – un budget proche de celui de 2016 – pour poursuivre le développement du lanceur géant SLS, de la capsule Orion et des segments sol associés. Toutefois, la mission ARM (Asteroid Redirect Mission), qui devait ramener un micro-astéroïde sur orbite lunaire pour qu’il soit visité par une capsule Orion, est abandonnée. L’administrateur intérimaire de la Nasa, Robert Lightfoot a néanmoins annoncé que les développements concernant la propulsion électrique qui devait être utilisée pour la mission seront poursuivis.
Dans le domaine aéronautique, avec une enveloppe de 624 M$ (16 M$ de moins qu’en 2016), les objectifs sont recentrés vers les vols supersoniques transcontinentaux commerciaux et la sécurité du transport aérien.
Les activités d’éducation de la Nasa, qui représentaient jusqu’ici à 115 M$ par an, n’ont pas échappé au couperet. Elles ont été purement et simplement annulées.
Inquiétude pour la météo polaire
Quelques grandes lignes ont également été divulguées sur le budget de la NOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration), géré par le Département du Commerce, en 2018. Celle-ci ne recevra donc pas la charge des programmes d’observation de la Terre de la Nasa comme cela avait été craint.
Après de nombreux retards dus aux multiples changements de stratégie des précédentes administrations, la composante polaire du réseau météorologique de la NOAA doit vivre une transition importante avec le lancement du satellite JPSS-1 (Joint Polar Satellite System) prévu le 23 septembre. Le dernier satellite de la génération précédente a été lancé en 2009 et la NOAA a dû utiliser le satellite expérimental NPP-Suomi (National Polar-orbiting Partnership) lancé en 2011 pour sécuriser l’accès au données. L’administration Trump ne touchera pas aux deux satellites JPSS-1 et 2. En revanche le calendrier de leurs successeurs JPSS-3 et 4, développés dans le cadre du programme PFO (Polar Follow-On) est remis en cause en raison du « besoin de faire des économies ». Leurs lancements étaient prévus en 2026 et 2031. Aucun chiffre n’a été communiqué.
La composante géostationnaire ne devrait pas être affectée et aucune information n’a été divulguée sur la poursuite de la participation de la NOAA aux programmes Jason 3 et Jason CS (Sentinel 6 du programme européen Copernicus).
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