Le 8 décembre, l’US Navy, l’US Missile Defense Agency et le ministère japonais de la Défense ont procédé au deuxième essai en vol de la version Block 2A du missile SM-3 destiné au système de défense antiaérien Aegis. Dans le cadre de l’opération CTV-02 (Cooperative Development Controlled Test Vehicle), le missile a été tiré de l’île San Nicolas, au large de la Californie. Comme le premier essai CTV-01, réalisé à partir du même site le 6 juin, celui-ci ne comportait aucune manœuvre d’interception.
Ce n’était pas le cas de l’opération FTO-02 (Flight Test Operational) Event 1a qui a suivi deux jours plus tard sous l’égide de la MDA. Un engin cible – probablement un eMRBM (Short Range Air Launch Target) de Lockheed Martin composé de deux étages SR-19 de Minuteman – a été largué d’un avion porteur C-17A de l’US Air Force et mis à feu sous parachutes au large d’Hawaï pour simuler un missile de moyenne portée. Il a été intercepté avec succès par un SM-3 Block 1B tiré du polygone de Kauai.
Ce succès, le premier enregistré par le système de défense côtière « Aegis Ashore, » était l’objectif d’une première tentative le 26 juin dernier. Celle-ci n’avait pu être menée à bien à la suite d’une défaillance de l’engin cible. Il redore aussi le blason du SM-3 suite à l’échec d’un missile identique tiré du destroyer Aegis « USS John Paul Jones » et victime d’une anomalie en début de vol le 1er novembre lors d’une tentative d’interception dans le cadre de l’exercice FTO-02 Event 2.
Le succès du système Aegis Ashore intervient peu avant l’entrée en service du premier site de ce type à Devesulu en Roumanie, le 31 décembre. Un second site, en Pologne, doit être opérationnel en 2018.
Également le 10 décembre, un exercice d’interception avec un antimissile Patriot PAC-3 a été réalisé sur le polygone de White Sands. La cible était un engin Juno – composé des deux étages supérieurs SR-19 et M-57 d’un missile Minuteman – tiré de Fort Wingate.
Interception dans le ciel de Méditerranée
Toujours le 10 décembre, Tsahal a réalisé son propre essai d’interception en coopération avec la MDA américaine et l’Israel Missile Defense Organization. Un antimissile Arrow 3 d’Israel Aircraft Industries (IAI) a été tiré de la base de Palmahim, au sud de Tel Aviv, et a détruit un engin-cible Silver Sparrow de Rafael, lui-même largué au dessus de la Méditerranée par un avion-porteur F-15D. Sa trajectoire – simulant celle d’un missile Scud ou d’un Shahab 3 iranien – a été déterminée par un système BMC (Battle Management Control) développé par Elta qui a permis de définir une trajectoire d’interception exo-atmosphérique pour générer peu de débris potentiellement dangereux. Il s’agissait du tout premier succès rencontré par le Arrow 3, qui a connu un échec en décembre 2014.
Le 18 novembre, la Russie aurait également enregistré de son côté le premier succès – en trois essais – de son intercepteur antisatellite A-235 Noudol, développé par PVO Almaz-Anteï, apparemment depuis le site de Sary Chagan, au Kazakhstan.
La Russie continue par ailleurs sa campagne d’essais de missiles balistiques embarqués avec trois tirs en un mois. Deux 3M14 Boulava ont été tirés du sous-marin K-551 « Vladimir Monomaque » le 14 novembre, et un R-29RM Sineva du K-51 « Verkhotouryé » le 12 décembre, À chaque fois, de la mer de Barents vers le polygone de Koura dans le Kamtchatka. Le 17, c’était un RS-12M Topol intercontinental qui était tiré de Kapoustine Iar vers Sary Chagan, pour tester une nouvelle ogive manœuvrante, justement conçue pour éviter les intercepteurs cinétiques des systèmes antimissiles américains. Ce vol serait le onzième ou le douzième de ce type réalisé par la Russie depuis 2005.
Essai en Iran d’un missile « non-nucléaire »
Hasard du calendrier, ces interceptions interviennent moins de trois semaines après le tir d’essai d’un missile balistique iranien de portée moyenne Ghadr 110, qui serait une amélioration du Shahab 3, le 21 novembre. Il s’agissait du second tir de missile stratégique réalisé par Téhéran depuis la signature, le 14 juillet, avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu et l’Union européenne, du plan global d’action conjointe qui prévoit une levée des sanctions économiques sur l’Iran en échange d’un ralentissement de son programme nucléaire et d’un moratoire de huit ans sur ses essais de missiles susceptibles d’être transformés en vecteurs nucléaires. Toutefois, le gouvernement iranien se défend d’avoir violé l’accord, affirmant que le missile en question, tiré d’un site proche du port de Chahabar, près de la frontière pakistanaise, n’a pas de capacité nucléaire. Un essai d’un autre missile à moyenne portée dérivé du Shahab 3, l’Imad, avait déjà eu lieu le 11 octobre.
Cet article a été publié dans le numéro 0.3 d’Aerospatium, daté du 12 décembre 2015.