La situation est inédite : à deux mois de l’ouverture du Salon du Bourget, il est impossible de prévoir qui sera le Président de la République qui l’inaugurera. Depuis plusieurs semaines, les instituts de sondage ont renoncé à désigner un favori, voire même à prévoir qui seront les candidats à s’affronter au second tour, le 7 mai. Entre l’extrême droite, la droite traditionnelle, le centre-gauche et la gauche écolo-libertaire, les clivages se font selon des lignes inédites, entre pro et anti-européens, champions d’une dette maîtrisée et ceux qui sont prêts à la laisser filer, partisans d’un rapprochement ou d’un éloignement avec la Russie.
Durant cette campagne, les grands choix industriels ont rarement été évoqués au-delà du maintien ou du démantèlement de la filière énergétique nucléaire. Le secteur aéronautique et spatial n’a souvent été évoqué qu’à l’aune des politiques de défense, et encore de manière marginale.
Dans l’histoire de la cinquième république, la politique des grands programmes a toujours été soutenue par les gouvernements de droite comme de gauche, entre nécessités régaliennes héritées du général De Gaulle et construction du partenariat européen. L’irruption, parmi les quatre candidats crédités de plus de 15 % des intentions de vote, de deux représentants des extrêmes, eurosceptiques et prônant une vaste remise à plat des priorités nationales, pourrait ébranler l’édifice industriel patiemment construit depuis l’après-guerre.
Maigre choix
En analysant les programmes des quatre principaux candidats, nous avons essayé de mettre en évidence les convergences, divergences, absences et incohérences de leurs propositions dans les domaines qui nous intéressent au premier chef : industrie, défense, espace et aéronautique. Nous reviendrons plus en détail sur ces aspects dans notre prochain numéro avec les équipes des candidats du second tour.
Les programmes des candidats, de taille et de précision inégales, nous ont poussé à privilégier les thèmes qui étaient abordés par tous. Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, est celui qui a de loin poussé la prévision le plus loin. Son programme, vendu en librairie, est le fruit d’une « élaboration collective » sous la direction de la juriste Charlotte Girard et de l’économiste Jacques Généreux. L’ouvrage de plus de 120 pages comporte sept chapitres et 83 paragraphes en tout. François Fillon a lui aussi publié un programme fourni, d’une centaine de pages, et subdivisé en 39 points, plus deux cadrages. Marine Le Pen a choisit l’efficacité avec un programme uniquement en ligne, divisé en sept chapitres et 144 points, marquant souvent une ligne forte.
Enfin Emmanuel Macron a lui décidé de changer la donne. Son programme est issu de discussions menées par 30 000 personnes, qui se sont réunies pendant un an au sein de 3 000 ateliers, puis a été composé avec 500 experts de la société civile. Le plus jeune des candidats, qui a toujours affirmé qu’un président n’était pas là pour gouverner, en a tiré un programme court, qui tient sur une vingtaine de pages, divisées en treize chapitres d’une page chacun rassemblant les points forts. Des fiches thématiques et des entretiens du candidat peuvent également être trouvées sur son site Internet.
Ces candidats se sont aussi livrés parfois à des conférences de presse thématiques et ont été reçus devant des assemblées spécialisées, les mutuelles, les maires de France, les agriculteurs… Tous ces éléments nous ont aidés à élaborer ce panorama qui donne un aperçu des possibilités à venir pour nos secteurs industriels.