Le 7 janvier, SpaceX est devenu le premier opérateur au monde, avec 180 satellites sur orbite. Le temps que vous lisiez ces lignes et il en aura 240, si le lancement du 27 janvier ne réserve pas de surprise. Le plus étonnant est bien évidemment qu’il n’a pas de client. Pas encore, mais il a des investisseurs, à en faire pâlir tous les autres opérateurs.
Pendant ce temps, à Bruxelles, le nouveau commissaire en charge des affaires spatiales, Thierry Breton, affirme sa volonté de doter l’Europe d’un système de surveillance de l’espace que tous appellent de leurs vœux. Pour plus tard, on évoque même un concept de gestion du trafic orbital au niveau global, dont personne ne sait vraiment en quoi il consistera. En Europe, on s’accorde à dire qu’il ne doit pas être un monopole américain. Las, pour le moment l’urgence est de batailler pour convaincre la présidence tournante de l’Union, passée des mains de Helsinki à celles de Zagreb, de ne pas amputer le budget spatial de 20 %. Un autre défi sera de se passer des moyens de poursuite britanniques, qui s’en vont dans le panier du divorce trans-Manche.
Entre-temps, d’ici à la fin de l’année, un satellite sur deux sur orbite basse sera estampillé « SpaceX ». Deux sur trois dans deux ans. Les cieux grouilleront de satellites Starlink, dont il faudra bien s’écarter et qui ruineront le travail des coûteux observatoires astronomiques que la communauté scientifique a eu tant de mal à financer.
Il sera trop tard alors pour discuter de gestion du trafic, et nous ne pourrons que déplorer qu’on nous l’ait imposée sans que nous réagissions.