Donald Trump va devenir, après son élection le 9 novembre, le 45e président des Etats-Unis. Au terme d’une campagne marquée par des discours libéraux et protectionnistes, son élection pose désormais la question des conséquences pour les échanges commerciaux. L’ouverture du marché américain à l’industrie européenne est concernée, avec notamment la fin annoncée des accords de libre-échange, dont il a fait une promesse répétée tout au long de la campagne.
L’annonce du candidat Trump de la fin des accords de libre-échange avec le Canada et le Mexique, l’Alena, entré en vigueur en 1994, pourrait, si elle est réalisée, avoir des conséquences immédiates pour l’industrie aéronautique. Un grand nombre de sous-traitants et d’équipementiers français et européens (Safran, ZodiacAerospace, FigeacAero), se sont en effet installés au Mexique afin de profiter du marché américain tout en produisant dans une zone de main-d’œuvre moins chère. La fermeture potentielle de la frontière mexicaine pourrait-elle remettre en cause les contrats passés avec Boeing ?
La politique protectionniste, et donc potentiellement la réintroduction d’une préférence nationale, pourrait également fermer le marché du renouvellement des appareils à Airbus et ATR. Ce dernier s’est lancé dans une grande campagne de promotion dans le pays depuis un an pour faire connaître ses turbo-propulseurs plus économes.
La question est encore plus sensible pour l’aviation d’affaires (Dassault Aviation, TBM de Daher) pour lesquels les Etats-Unis sont le premier marché, si la préférence nationale était implantée.
Mais le très haut de gamme, dont le constructeur américain emblématique est Gulfstream, et représenté principalement par les Falcon et la famille Global du canadien Bombardier, pourrait néanmoins être épargné. Les acheteurs sont en effet principalement des grandes entreprises et des personnes très riches, qui ont les moyens de faire pression sur le gouvernement. Ce segment est surtout sensible à la croissance américaine, qui repart, et offre beaucoup d’emplois industriels dans la maintenance, sur le sol américain, un des chevaux de bataille du candidat Trump.
La fin du libre-échange en Amérique du Nord ?
L’élection de Trump devrait marquer la fin définitive des négociations autour de l’accord de libre-échange très controversé Tafta, entre les Etats-Unis et l’Europe. Ces négociations étant secrètes, il est difficile d’expliquer ce qui n’aura pas lieu, mais c’est là aussi une barrière protectionniste qui se confirme, puisqu’il a annoncé qu’il refuserait cet accord s’il était élu.
Une des principales inconnues réside dans l’équipe de Trump. Aucun nom n’a été évoqué pour prendre les postes de secrétaire au Trésor, à la Défense ou aux Affaires étrangères. Les deux chambres – Sénat et représentants- étant républicaines, Donald Trump devrait avoir les moyens de faire sa politique. Mais peu d’éléments sur ces sujets ont été évoqués.
Une hausse des taux d’intérêts, évoquée par le candidat, pourrait ralentir la croissance, même si c’est la Réserve américaine qui a la haute main sur cette question, et non la Maison Blanche. La priorité donnée aux investissements publics dans les infrastructures, avec un montant de 500 Md$ annoncé par le candidat Trump, pourrait avoir des conséquences pour les budgets de défense : le matin de l’élection, Thales s’envolait à la Bourse, sur l’espoir que le Pentagone profiterait de ces dépenses.
Enfin, en ce qui concerne la politique étrangère, la plus grande inconnue est la potentielle décision du nouveau président de sortir de l’OTAN. Si cet événement se produisait, il impliquerait un changement radical de la protection de l’Europe. Le président Poutine a félicité le nouvel élu, en espérant qu’il s’entendra mieux avec lui qu’avec l’ancienne équipe démocrate. C’est une mauvaise nouvelle notamment pour la Pologne, qui a dernièrement choisi de s’équiper en hélicoptères américains pour profiter du bouclier américain contre les Russes…