Il y a quelques jours, huit jeunes diplômés d’AgroParisTech s’assuraient une célébrité aussi immédiate qu’éphémère en dénonçant le secteur pour lequel ils s’étaient formés et dans lequel ils comptaient bien ne pas exercer leurs talents. Leur rejet en bloc de l’agroalimentaire n’est pas sans rappeler cette tribune publiée il y a quelques mois par des étudiants de l’ISAE et dans laquelle ils dénonçaient rien moins que le secteur aérien pour lequel, eux aussi, étaient censés se former.
Leurs prises de position par l’opposition, aujourd’hui relayées par les réseaux sociaux, ont le parfum suranné d’un flower power velléitaire, déjà vieux d’un bon demi-siècle. Bien qu’on en connaisse les dérives passées, il est aujourd’hui remis à la mode par les partisans de la décroissance comme seule solution aux enjeux écologiques, sanitaires, alimentaires et sociaux.
Ces étudiants semblent oublier que la raison d’être d’un ingénieur, c’est de résoudre des problèmes, non de les fuir. C’est affronter les difficultés, non les déplorer. Les enjeux actuels sont énormes et l’envie de s’y attaquer doit être à l’avenant, avec audace et ingéniosité.
Le projet d’avion régional décarboné dévoilé par ATR illustre parfaitement l’intérêt de ces efforts. D’une part, il démontre que l’ingénierie peut apporter des solutions viables assez rapidement. D’autre part, il rappelle que l’avion à faible taux d’émissions existe déjà. Il est juste un peu plus lent que les autres avions, mais il reste néanmoins bien plus rapide que les alternatives terrestres. Surtout, il peut desservir avantageusement les destinations où le train ne peut se rendre – comme des îles – ou des transversales si dissuasives qu’elles ne pourraient jamais être rentabilisées par voie ferrée. Ce que propose ATR, c’est la combinaison du désenclavement et de la décarbonation, c’est-à-dire un outil d’équité démocratique, éco-responsable, mais aussi exportable dans le monde entier.
Que demande le peuple ?
Je viens de prendre le temps d’écouter le discours des 8 diplômés d’AgroParisTech. Je partage leur malaise et leur prise de conscience mais je ne pense pas qu’il faille faire l’amalgame avec les élèves de l’ISAE.
À la différence de l’industrie aéronautique qui s’applique depuis des années à réduire la consommation et l’empreinte écologique des avions, l’industrie agroalimentaire ne fait que perpétuer son système délétère.
Il est symptomatique que depuis le Grenelle de l’environnement, la consommation de produits phytosanitaires ai continué à augmenter …
Nous sommes en face de deux modes de fonctionnement différents. Faire l’amalgame contre les lanceurs d’alerte se retournera inévitablement contre l’aéronautique. Il faut que cette industrie continue à s’améliorer à marche forcée et le fasse savoir. Parallèlement, les compagnies aériennes doivent être exemplaires dans leur communication et s’interdire tout ce qui s’apparente à du greenwashing.