Sept mois après le début du confinement et l’introduction des nouvelles règles de distanciation sanitaires conçues pour juguler la pandémie du Covid-19, nous commençons à disposer du recul suffisant pour en quantifier les effets sur les activités professionnelles. La généralisation du télétravail pour les professions du tertiaire et les tâches d’ingénierie et de gestion dans l’industrie ont permis d’en découvrir les limites. Le gain de productivité initial, avec l’économie faite sur les temps de trajet, paraît bien faible lorsqu’on évalue le temps perdu dans des échanges entravés par des interfaces inadaptées aux réunions sur des projets complexes.
La visioconférence n’est praticable qu’avec un nombre très limité d’interlocuteurs simultanés et elle devient fastidieuse s’il faut travailler en parallèle sur des documents techniques volumineux. Des outils de travail collaboratif existent, mais ils sont dans nos bureaux, pas dans nos salons. Les programmes de développement internationaux en pâtissent.
Le passage des salons et congrès du « présentiel » au virtuel élimine les rencontres fortuites, les échanges informels, le « réseautage ». L’exemple récent du Congrès international d’astronautique, qui se tient tous les automnes depuis 1950, en est la parfaite illustration. Ce forum d’échange international renommé s’est résumé cette année à un simple kiosque dans lequel il était possible d’assister à des visioconférences et télécharger des brochures.
Si la situation perdure, il faut envisager de changer nos outils et notre approche en passant à un vrai espace collaboratif, ouvert à l’informel et à l’imprévu, peut-être via la réalité virtuelle immersive, voire la téléprésence. Il y a là un marché nouveau pour la connectivité, mais des investissements seront nécessaires chez les utilisateurs finaux. Qui payera ?