La décision a été prise, mais le redémarrage va durer six mois. Après cinq mois d’interruption, l’ExIm Bank, la banque nationale d’assurance crédit américaine, a été autorisée à reprendre ses activités au moins jusqu’en septembre 2019. Des manœuvres politiciennes au sein du Congrès américain avaient causé la suspension de ses activités en juillet.
Pour la première fois depuis sa création en 1934, elle n’était plus autorisée à engager de nouvelles couvertures, au grand dam des industriels américains du spatial, qu’elle aidait à remporter des marchés à l’étranger en proposant à leurs clients opérateurs des solutions de financement avantageuses.
A cause de cette interruption, Boeing a dû suspendre son contrat pour le satellite ABS-8 avec l’opérateur asiatique ABS et n’a pas pu en finaliser un autre avec le nouvel opérateur singapourien Kacific, ce qui l’a amené à envisager de licencier plusieurs centaines de personnes aux États-Unis et de délocaliser une partie de sa production hors du pays. SSL, pour sa part, a fait jouer la nationalité canadienne de son actionnaire MDA pour accéder aux couvertures de l’EDC, ce qui lui a notamment permis de remporter le satellite Azerspace 2/Intelsat 38 face à Orbital ATK. Bien que soutenu par une large majorité de parlementaires, le projet de loi pour le renouvellement du mandat de l’ExIm Bank a été immobilisé dans les commissions du Capitole jusqu’à la fin novembre par quelques opposants qui y étaient stratégiquement implantés. Il n’a finalement pu être soumis au vote et adopté par le Congrès que le 3 décembre. Le président Obama l’a signé dès le lendemain.
De l’avis des industriels, il faudra au moins six mois pour que l’ExIm Bank reprenne un rythme normal et se remette à examiner de nouveaux dossiers, ce qui se traduira par un hiatus de près d’un an avant l’ouverture de nouvelles lignes de crédit.
Cet article a été publié dans le numéro 0.3 d’Aerospatium, daté du 12 décembre 2015.