Peut-être est-ce le réveil dont l’Europe avait besoin. Pendant quatre-vingt ans elle s’est abritée sous un parapluie américain, drapée dans un pacifisme digne, encore sous le choc des deux conflagrations mondiales qu’elle s’était rendue coupable d’avoir déclenchées.
Les garanties de l’Otan, venues d’outre-Atlantique, lui ont permis d’économiser sur le poste de la défense. Cela lui a donné la possibilité de créer une Europe de cocagne dont rêve le reste du monde, soit pour y faire du tourisme, soit pour y trouver la paix, la sécurité, la liberté et du travail. Et cette Europe, par les normes qu’elle s’impose, agace une certaine Amérique. Celle qui carbure aux sodas sans fruit, au bœuf aux hormones et au diesel lourd ne comprend pas que nous ne voulions pas de ses produits… à part quand il s’agit de F-35, vendus comme des goodies de son parapluie protecteur.
La seconde administration Trump ne veut plus de cette ingratitude et le fait savoir. Adieu la protection « gratuite », les strapontins vers l’espace, et surtout la balance commerciale défavorable à ses yeux. Le grand frère a pris des airs de « parrain » prêt à monnayer sa protection.
Mais que l’on ne se trompe pas de responsabilité. Nous avons bien profité des largesses de l’oncle Sam tant que nous étions le glacis stratégique qu’il lui fallait. Le réveil est rude, mais il avait déjà sonné en 2017 et en 2022. Comme le dit le commissaire européen Andrius Kubilius, « s’il nous faut augmenter le budget de défense, de 2 à 5 % ce n’est pas à cause de Trump, c’est à cause de Poutine ».
Une relation s’achève, la découverte de la solitude passe par l’inconfort du renoncement à certains avantages matériels, mais tout divorcé le sait : elle est la condition d’une liberté, qui, elle, n’a pas de prix.