À Cannes, les anciens du programme Huygens se sont réunis pour célébrer le 20e anniversaire du succès de la mission. Développée par Thales Alenia Space, la sonde européenne s’est posée à la surface de Titan, la plus grosse lune de Saturne, le 14 janvier 2005. Son record de distance à la Terre pour un atterrissage n’est pas près d’être battu.
Étudiée dès 1982 et lancée en 1997 sur le dos de l’orbiteur américain Cassini pour récolter 3 h 30 de données sept ans plus tard, Huygens marque un moment fort de la coopération entre l’ESA et la Nasa. Les péripéties n’ont pas manqué. Technologiques parfois, politiques souvent, comme lorsque Washington a voulu couper le budget de Cassini sans lequel Huygens n’aurait plus été qu’un coûteux presse-papiers. Un intense échange épistolaire transatlantique a permis que cela n’arrive pas et que le succès – et la science – soient pleinement partagés.
Malgré le soutien d’une communauté scientifique internationale très soudée, toutes les missions n’ont pas eu cette chance. Les mésaventures et retards d’ExoMars sont là pour nous le rappeler.
L’arrivée prochaine à la tête de la Nasa d’une nouvelle équipe, peu inclinée vers la science et la coopération internationale, laisse présager des années difficiles. L’administrateur sortant promet que les Européens joueront toujours un rôle clé dans la mission de retour des échantillons martiens en cours de révision. Mais sa parole n’engage que lui. L’avenir des missions Artemis, pour lesquelles l’Europe a fourni des modules d’avance, sera soumis aux ciseaux du censeur budgétaire Elon Musk, qui vient de rappeler que la Lune « n’était qu’une distraction ».
Malgré cela on commence à étudier une mission vers Encelade pour 2042 : arrivée en 2051 et atterrissage en 2055. La science, c’est le temps long et un optimisme invulnérable.