Les préjugés ont la vie dure. Mon beau-frère est chaudronnier. Quand il évoque son métier, la plupart de ses interlocuteurs l’imaginent artisan, le maillet à la main, dans une ambiance quasi-médiévale. Ils tombent de haut lorsqu’il commence à leur parler de découpe par laser et de pièces pour l’aéronautique.
Dans l’imaginaire collectif, trois décennies de fantasme d’une France dévolue au secteur tertiaire ont relégué les filières techniques et professionnelles au rang de voie de garage pour les élèves n’ayant pas le niveau pour intégrer l’université. Dans la tête des parents, la réussite se pare nécessairement d’une cravate et d’un attaché-case.
Comment, à l’heure de la cobotisation et de l’usine 4.0 peut on encore avoir de l’industrie une vision qui fleure bon l’entre-deux-guerres ? Le résultat est sous nos yeux. La France manque d’opérateurs et de techniciens pour ses industries de pointe. Les filières d’ingénierie, délaissées au profit de la finance ou de l’informatique, peinent à recruter et à former suffisamment de jeunes pour répondre à une demande en pleine croissance.
La jeune génération et ses parents – premiers prescripteurs en matière d’éducation – doivent prendre conscience des perspectives de carrière exceptionnelles et variées qu’offrent des secteurs comme l’aéronautique, le spatial ou la défense. La désaffection des filières de formation, souvent par méconnaissance, est devenue l’un des principaux facteurs susceptibles de freiner le développement de ces domaines clés pour la souveraineté économique et stratégique de l’Europe.